Nestlé poursuit sa conquête du continent
Alors qu’il s’apprête à ouvrir sa première usine en Angola en septembre, Nestlé poursuit sa stratégie de conquête des consommateurs africains.
En 2010, le groupe Nestlé annonçait des investissements d’un milliard de dollars sur trois ans. À l’époque, l’objectif de la société basée à Vevey, en Suisse, consistait à anticiper les besoins des classes moyennes émergentes. Du cube Maggi au lait concentré sucré, les produits Nestlé sont déjà bien introduits chez les ménages africains. Mais, à l’époque, une importante proportion de ces produits était importée. Désormais, le groupe affiche son intention de produire localement, aussi bien les matières premières qu’il utilise que les produits finis. Nandu Nandkishore, directeur pour l’Asie, l’Afrique, l’Océanie et le Moyen-Orient est optimiste sur les perspectives offertes par le continent, notamment grâce à l’augmentation des revenus et des dépenses de consommation de ses habitants : « Cela fait 85 ans que Nestlé a ouvert sa première usine en Afrique et le groupe en compte désormais 29. La demande pour nos produits est telle que nous sommes partis pour plus que doubler notre niveau d’activités d’ici à 2020. »
Maîtriser la chaîne de production
En s’adressant directement au cultivateurs, Nestlé entend supprimer les intermédiaires et s’affranchir des cours mondiaux.
L’investissement de 10 millions de dollars consenti pour installer une usine de conditionnement à partir de septembre à Luanda, la capitale de l’Angola, illustre assez bien la stratégie de Nestlé, de même que l’ouverture d’une deuxième usine, en octobre dernier, en Algérie. Comme le souligne Nandu Nandkishore, « l’Angola est l’un des six pays d’Afrique subsaharienne dont la croissance figure parmi les 10 premières mondiales et symbolise la transformation économique à l’œuvre sur le continent. Les Africains construisent des économies fortes et cherchent des entreprises comme la nôtre pour être leurs partenaires. »
Nestlé souhaite aussi faire appel aux producteurs locaux pour alimenter ses usines à meilleur marché, un pas de plus vers la maîtrise de l’ensemble de la chaîne de production. Ainsi, en Côte d’Ivoire, le Suisse cherche à « fidéliser » les agriculteurs en leur fournissant des plants de cacao et en leur proposant une formation : plus de 800 000 plants ont déjà été distribués 6 000 cultivateurs ont été formés. Nestlé compte en former 24 000 autres d’ici à 2015. Cette stratégie repose bien entendu sur une volonté de maîtriser les coûts : en s’adressant directement aux cultivateurs, le géant de l’agroalimentaire entend supprimer les intermédiaires et s’affranchir, autant que possible, des cours mondiaux. Reste que, pour les cultivateurs, ce système est susceptible de créer une dépendance auprès d’un client unique et surpuissant.
Accentuation de la concurrence
Nestlé doit investir pour tenir le rythme face à la concurrence : ainsi, le singapourien Olam a multiplié les ouvertures de sites de transformation. Actionnaire de l’huilier Sifca en Côte d’Ivoire, il prévoit d’investir 150 millions d’euros dans l’agro-industrie ivoirienne. Il a inauguré fin février à Bouaké, pour 26 millions d’euros d’investissement, la première de trois unités de transformation de noix de cajou ainsi qu’une usine de lait en poudre et de lait condensé sucré à Abidjan. Au Ghana voisin, Olam prévoit aussi d’investir 340 millions d’euros dans le secteur agroalimentaire.
Les Chinois sont aussi sur les rangs. Bien que limitée, la poussée de l’Empire du Milieu pourrait s’accélérer dans les prochaines années : après la sucrerie sino-malienne de Markala (société Sukala), qui a démarré en avril et doit produire 100 000 tonnes par an, le groupe Sinolight a annoncé la construction d’une sucrerie au Niger, d’une capacité équivalente. Enfin, la concurrence peut aussi venir d’Afrique. Alors que Nestlé vient d’adapter la composition de son fameux cube Maggi, « de manière à rééquilibrer les déficiences nutritionnelles constatées dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest », il faut savoir que, depuis le début de l’année, le produit phare du groupe suisse a été détrôné par les produits Mami, mis au point par le groupe sénégalais Patisen…
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- L’arrestation du PDG du groupe CHO secoue l’huile d’olive tunisienne
- Comment Air France compense son absence des États du Sahel
- Mines d’or au Mali : la junte place le CEO de l’australien Resolute en détention
- Chez Tunisair, la purge des dirigeants se poursuit et les pertes s’accumulent
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...