Portrait : Nadia Bouhriz sur de bons rails
Cette ingénieure pilote le chantier du tramway de Casablanca. Forte de son expérience sur celui de Rabat, elle fait l’interface avec toutes les parties prenantes, pour une mise en service en décembre.
À Casablanca, difficile de rater le chantier du tramway. Sur 30 km, du quartier d’affaires de Sidi Maarouf jusqu’à la zone industrielle d’Aïn Sebaa en passant par la place Mohammed-V au coeur de la ville, plus de 5 000 ouvriers s’activent sur ce projet de 6,4 milliards de dirhams (près de 582 millions d’euros). À terme, 230 000 passagers devraient emprunter chaque année la première ligne du « tram casaoui ». Peu de Marocains le savent, mais c’est une femme de 37 ans, Nadia Bouhriz, qui pilote le chantier.
Négociations
Directrice du projet au sein de Casa Transport (lire encadré), elle a les yeux rivés sur ses objectifs : le 12 décembre 2012, date « magique » choisie pour l’inauguration, tout doit être prêt pour les usagers : rames et réseaux fonctionnels, stations terminées, tarification et gestion informatique des billets… Entre les sous-traitants, parmi lesquels le français Alstom et le turc Yapi Merkezi (génie civil), et les partenaires publics, cette Tangéroise diplômée de l’École spéciale des travaux publics (ESTP) de Paris est engagée sur tous les fronts. « Ces dernières semaines, ce sont les négociations avec le réseau de bus qui me prennent du temps. Nous cherchons à mettre en place une tarification unique et une bonne connexion entre les deux types de transport », explique-t-elle. La société casablancaise M’dina Bus étant en difficulté financière, les discussions sont musclées.
Elle devrait prendre logiquement la suite de Youssef Draiss à la tête de Casa Transport.
Auparavant responsable de la planification des investissements à la Lyonnaise des eaux de Casablanca (Lydec), Nadia Bouhriz est arrivée en 2006 sur le chantier du tramway de Rabat comme directrice des infrastructures. « J’avais envie de travailler au sein d’un projet ambitieux, mais du côté du donneur d’ordre », explique cette mère de deux enfants, sensibilisée au service public par son père, Mohamed Bouhriz, ancien président de la région de Tanger-Tétouan. Forte de son expérience à Rabat, elle a été placée en mars 2009 à la tête du projet de Casablanca (initié en 2008). « Le fait d’être une femme n’est pas un problème. Je trouve même le milieu professionnel moins machiste au Maroc qu’en France », remarque-t-elle, avant de nuancer : « Dans les directions de haut niveau, je suis très souvent la seule femme, ce n’est pas normal. »
Inflexible
Si l’ingénieure, louée pour ses qualités de stratège et d’organisatrice, a le soutien du conseil d’administration de Casa Transport et de son directeur général, Youssef Draiss, ses relations avec les sous-traitants sont plus tendues. « Elle se montre inflexible dans les négociations, en particulier sur les délais et les coûts », regrette l’un d’eux, qui note le nombre élevé de dénonciations de contrats lancées à l’encontre des sociétés travaillant sur le chantier. « Nous sommes réactifs, prenons les décisions rapidement et payons nos sous-traitants dans les temps », réplique l’énergique directrice, fière d’afficher déjà des économies sur le budget. « Nous nous attendons à dépenser 600 millions de dirhams de moins que prévu grâce à une bonne mise en concurrence des appels d’offres », annonce-t-elle déjà.
Si le lancement du tramway se déroule dans de bonnes conditions, Nadia Bouhriz devrait prendre logiquement la suite de Youssef Draiss à la tête de Casa Transport. « Elle en a l’étoffe, j’en ai déjà parlé au conseil d’administration », confie l’actuel directeur général, heureux de passer la main après quatre années de service.
Et puis un RER, un métro…
Créée en 2008, Casa Transport est la société anonyme qui pilote les chantiers de transport urbain de la capitale économique. Après la première ligne de tramway, elle doit mener à bien trois autres lignes, mais aussi un RER (réseau express régional) et un métro, pour un coût total de 4 milliards d’euros. Dirigée depuis sa fondation par Youssef Draiss, haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, elle a pour principaux actionnaires la commune de Casablanca (58 % des parts), l’État (23 %) et le fonds public Hassan-II (10 %). C.L.B.
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