Arabie Saoudite : mobilisation contre l’exécution imminente de l’étudiant Ali al-Nimr
Une mobilisation internationale appelle le roi Salmane à renoncer à l’exécution du jeune Ali al-Nimir, condamné à mort pour avoir pris part, alors qu’il était mineur, à des manifestations inspirées du Printemps arabe.
Des experts de l’ONU, des capitales occidentales et des organisations de défense des droits de l’Homme ont également lancé des appels pour que Ali al-Nimr, âgé de 21 ans, ne soit pas mis à mort. Il avait été arrêté à 17 ans en février 2012 pour avoir manifesté contre les autorités.
Les autorités saoudiennes n’annoncent pas à l’avance les exécutions, généralement pratiquées par décapitation au sabre. Mais des experts de l’ONU ont prévenu que le jeune homme pouvait être « exécuté à tout moment ».
Risques de réactions violentes parmi la minorité chiite
Son père a également exhorté le monarque à épargner la vie de son fils : « J’espère que le roi ne va pas signer » l’ordre d’exécution, a déclaré Mohammed al-Nimr. Il a mis en garde contre une réaction violente des membres de la minorité chiite, qui se concentre dans l’est de l’Arabie saoudite, en cas d’exécution de son fils. « Nous ne voulons pas de ça, nous ne voulons pas d’une seule goutte de sang versé », a-t-il affirmé.
L’impact d’une exécution serait d’autant plus important que le jeune condamné est le neveu d’un religieux chiite influent, cheikh Nimr al-Nimr. Leader du mouvement de contestation qui avait agité en 2011 la province orientale de l’Arabie saoudite – royaume à majorité sunnite où les chiites se disent discriminés -cheikh Nimr al-Nimr est également dans les couloirs de la mort. Il avait été condamné à mort pour sédition, désobéissance au souverain et port d’arme le 15 octobre 2014.
Critiques internationales contre un procès inique
Mardi, des experts de l’ONU en droits de l’Homme ont demandé aux autorités saoudiennes d’annuler l’exécution, en exprimant de sévères critiques sur le processus judiciaire ayant conduit à sa condamnation. Le jeune homme aurait été torturé et contraint de passer aux aveux, alors qu’il n’avait pu recourir à un avocat dans des conditions normales avant et pendant son procès, qui ne répondait pas aux normes internationales, selon ces experts. « Toute sentence infligeant la peine de mort à des personnes mineures à l’époque du délit, ainsi que leur exécution, sont incompatibles avec les obligations internationales de l’Arabie saoudite », ont-ils conclu.
La mobilisation est également venue des chefs d’État occidentaux. Le président français François Hollande, qui cultive des liens étroits avec le royaume, a également demandé à l’Arabie saoudite, « de renoncer à l’exécution » du jeune homme.
Deux autres mineurs
Ali al-Nimr pourrait ne pas être le seul exécuté. Les experts ont indiqué qu’ils avaient reçu des informations faisant état de deux autres personnes, également mineures et ayant elles aussi participé aux manifestations dans la ville de Qatif, et dont l’exécution serait imminente.
Depuis le début de l’année, 133 personnes ont été exécutées dans le royaume ultra-conservateur, contre 87 sur l’ensemble de 2014, selon un décompte de l’AFP établi sur la base de communiqués officiels. Ryad « est engagé dans une frénésie d’exécutions cette année mais décapiter un jeune dont le procès était injuste marquerait un désastreux précédent », a estimé la semaine dernière Joe Stork, directeur-adjoint de Human Right Watch pour le Moyen-Orient.
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