Après la bousculade meurtrière de La Mecque : la sécurité en question

Au lendemain du mouvement de foule particulièrement meurtrier, qui a provoqué la mort de plus de 700 personnes jeudi, les États des ressortissants victimes de la bousculade ont émis de vives critiques envers la sécurisation des pèlerins, jugée insuffisante.

Des centaines de victimes à Mina durant le pèlerinage musulman, 24 septembre 2015. © AP/SIPA

Des centaines de victimes à Mina durant le pèlerinage musulman, 24 septembre 2015. © AP/SIPA

Publié le 25 septembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Le pèlerinage de La Mecque est à nouveau meurtri. Après l’effondrement d’une grue sur la Grande mosquée le 11 septembre qui a coûté la vie à plus de 100 personnes, plus de 717 autres ont été tuées jeudi matin lors d’un mouvement de foule gigantesque. Un pèlerinage régulièrement endeuillé, malgré les milliards de dollars investis cette année par les autorités pour améliorer la gestion des foules.

90 Iraniens et 3 Algériens tués 

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Au lendemain du drame, l’inquiétude est grande au sein des États ayant des ressortissants participant traditionnellement au hajj, l’un des cinq piliers de l’islam. Car peu d’informations ont encore filtré sur la nationalités des victimes. Seule certitude pour l’heure, 90 Iraniens et 3 Algériens ont trouvé la mort, tandis que 18 Turcs et un ressortissant d’Oman étaient portés disparus, selon les déclarations des pays concernés. Le porte-parole du ministère de l’Intérieur a fait savoir que l’identification des morts et des blessés avait commencé, et que les nationalités des victimes seraient annoncées ultérieurement.

Les secours s'organisent après la bousculade très meurtrière à mina, le 24 septembre 2015. © Uncredited/AP/SIPA

Les secours s'organisent après la bousculade très meurtrière à mina, le 24 septembre 2015. © Uncredited/AP/SIPA

Le roi Salmane, qui a reçu en soirée les responsables du hajj, a dit attendre « au plus tôt » les résultats de l’enquête, ajoutant avoir ordonné « une révision des plans » d’organisation du pèlerinage pour que les fidèles « accomplissent leurs rituels en toute sécurité ».

Mais face à ce bilan très lourd – le plus grave depuis la bousculade qui avait coûté la vie, en 1990, à près de 1 500 personnes -, des voix se sont élevés pour remettre en question la gestion de la sécurité des deux millions de pèlerins présents cette année.

« La priorité pour la santé et la sécurité passe toujours après »

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Irfan al-Alawi, co-fondateur de l’Islamic Heritage Research Foundation, basée à La Mecque et connu pour ses prises de position contre la stratégie gouvernementale de développement effréné des lieux saints de l’islam, affirme que le problème réside dans le contrôle des foules. « Oui, ils ont essayé d’améliorer les installations, mais la priorité pour la santé et la sécurité passe toujours après », dit Irfan al-Alawi.

Les États des ressortissants victimes ont également fait part de leur colère. Le directeur des affaires religieuses turques s’est ainsi insurgé contre de « sérieux problèmes » d’organisation à La Mecque. Même critique de la part de l’Iran chiite, grand rival de l’Arabie Saoudite sunnite. Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a jugé que des « mesures inappropriées » et une « mauvaise gestion » des autorités saoudiennes étaient à l’origine de la bousculade mortelle. Le chef de l’organisation iranienne du hajj, Saïd Ohadi a estimé que les responsables saoudiens devaient être « tenus responsables » du drame.

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Les premiers témoignages des pèlerins accablent Riyad 

Un pèlerin soudanais qui se trouvait à Mina a estimé qu’il s’agissait du hajj le moins bien organisé sur les quatre auxquels il a participé. En raison de la chaleur, « les gens étaient déjà déshydratés et s’évanouissaient. Les pèlerins trébuchaient les uns sur les autres ». Il a indiqué qu’un Saoudien qui se trouvait à ses côtés lui avait dit avant le drame : « Quelque chose va arriver ».

Le ministère saoudien de l’Intérieur a déclaré avoir déployé plus de 100 000 policiers pour assurer la sécurité des pèlerins, contrôler la circulation et canaliser les foules entre les différentes sites religieux qui sont situés dans des espaces relativement rapprochés.

Se pose aussi, pour certains pèlerins, la question de la langue et de la compréhension des indications données par les autorités. Selon Irfan al-Alawi, les policiers chargés de la sécurité au hajj manquent de compétences dans les langues et n’ont pas été suffisamment formés. « Ils ne savent pas du tout comment communiquer avec ces gens » qui viennent du monde entier, sans connaître l’arabe, pour une partie d’entre eux, ajoute-t-il.

Le « manque de discipline » des pèlerins dénoncé par Riyad 

Le ministre saoudien de la Santé a attribué le mouvement de foule meurtrier de jeudi au manque de discipline des pèlerins qui ont tendance, selon lui, à ignorer les instructions des responsables du hajj. « Si les pèlerins avaient suivi les instructions, on aurait pu éviter ce genre d’accident », a déclaré Khaled al-Faleh après s’être rendu sur les lieux du drame. « De nombreux pèlerins se mettent en mouvement sans respecter les horaires » fixés par les responsables de la gestion des rites, a-t-il dit. Et d’ajouter : « C’est la raison principale de ce genre d’accident ».

Plus prudent, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, le général Mansour Turki, a recommandé de « ne pas devancer les conclusions de l’enquête », indiquant que « la grande chaleur et l’état de fatigue des pèlerins ont contribué au nombre important des victimes ».

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