RDC : verdict attendu de la justice allemande pour deux chefs hutus rwandais

La justice allemande rendra lundi 28 septembre son verdict contre deux chefs de la rébellion hutue rwandaise, accusés d’avoir orchestré à 6000 kilomètres de distance des crimes contre l’humanité et de guerre dans l’est de la RDC. Un verdict qui survient après quatre ans d’un procès épineux

Des forces de maintien de la paix croisent un rebelle hutu rwandais en 2009. © REBECCA BLACKWELL/AP/SIPA

Des forces de maintien de la paix croisent un rebelle hutu rwandais en 2009. © REBECCA BLACKWELL/AP/SIPA

Publié le 25 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Jugés depuis le 4 mai 2011 à Stuttgart (sud-ouest), Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni, président et vice-président des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) respectivement âgés de 51 et 54 ans, encourent tous deux la perpétuité.

L’accusation leur reproche d’avoir piloté « depuis l’Allemagne », où ils ont obtenu l’asile et vivent depuis plus de vingt ans, « toute la palette d’atrocités que l’on peut imaginer dans une guerre civile », selon le procureur Christian Ritscher.

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Massacre de plus de 200 civils à la machette ou à la houe, viols, pillages, incendies, recrutement d’enfants-soldats, prises d’otages: les deux hommes devaient initialement répondre de 26 crimes contre l’humanité et 39 crimes de guerre, commis en 2009, ainsi que de la « direction d’une entreprise terroriste à l’étranger ».

La Cour a finalement abandonné les trois quarts des accusations pour se concentrer sur les meurtres, afin que le procès « n’aggrave de manière significative la vulnérabilité » des femmes violées ou des enfants recrutés de force, terrorisés d’apparaître dans la procédure.

« La justice aurait pu se contenter de l’accusation de terrorisme. Les juger pour crimes contre l’humanité, malgré les problèmes de preuve, est un signal fort », estime auprès de l’AFP Andrej Umansky, spécialiste de droit pénal à l’université de Cologne.

Des dirigeants politiques dénués d’influence?

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Entre problèmes de traduction et pressions sur les témoins, l’audience a offert un concentré des difficultés de ce type de procès, d’autant que la minutie pénale s’est heurtée « à l’éloignement géographique, la gravité et la nature collective des massacres », souligne l’universitaire.

Le procès a été attentivement suivi par les associations de défense des droits de l’homme, qui y ont dépêché des observateurs. D’après Human Rights Watch, il devait « servir d’avertissement à tous les individus soupçonnés de crimes de guerre ».

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La défense, qui a plaidé l’acquittement, n’a cessé de contester la chaîne de commandement supposée des FDLR, faisant des deux accusés de simples dirigeants politiques dénués d’influence sur les exactions commises sur place.

Le parquet a finalement requis cinq fois la perpétuité contre Ignace Murwanashyaka, sans libération conditionnelle automatique après 15 ans comme c’est normalement la règle, et 12 ans d’emprisonnement contre Straton Musoni.

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