La vraie mort des fantasmes compaoristes

Blaise Compaoré prenait-il vraiment des vessies compaoristes pour des lanternes burkinabè ? Imaginait-il qu’un putsch de son fidèle Gilbert Diendéré ramènerait le pouvoir burkinabè dans son escarcelle ?

Cette semaine tragique a soldé définitivement les rêves de pouvoir direct ou indirect de Blaise Compaoré. © Glez

Cette semaine tragique a soldé définitivement les rêves de pouvoir direct ou indirect de Blaise Compaoré. © Glez

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Publié le 25 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

On reconnaîtrait les vrais drogués du pouvoir à l’aveuglement qui les saisit dans les soubresauts ultimes de leur carrière. Sans doute l’opposant Gbagbo avait-il été un honnête politicien, avant que le président Gbagbo ne nie toute évidence dans le bunker qui l’accueillait en fin de crise post-électorale. Sans doute le manque d’appétit politique du général Robert Gueï était-il sincère, avant qu’il ne cherche à être candidat, quelques mois plus tard.

Fin animal politique, Blaise Compaoré avait su, pendant plus de 25 ans, mener, avec un succès personnel certain, une barque qu’il avait empruntée à un prédécesseur apparemment plus brillant que lui. Ces deux dernières années, l’ex-président du Faso avait manifestement perdu sa clairvoyance en refusant d’entrevoir le sort populaire qui devait être réservé à son projet de modification de l’article 37 de la Constitution burkinabè, projet destiné à prolonger son bail au sommet de l’État.

Comme un furoncle sur l’État burkinabè, cette garde prétorienne intimidante

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En 48 heures, l’insurrection populaire d’octobre dernier a soufflé, comme un château de cartes, un régime vermoulu de 27 ans. Exilé depuis en Côte d’Ivoire, le « beau Blaise » a censément eu le temps de digérer les erreurs de ce mandat inachevé. Censément, mais peut-être pas. Car l’ossature effondrée du château de cartes n’avait pas emporté le noyau sécuritaire du régime déchu : le Régiment de sécurité présidentielle (RSP).

Comme un furoncle sur l’État burkinabè, cette garde prétorienne intimidante avait signalé son pouvoir de nuisance tout au long d’une transition qu’elle avait d’abord souhaité manipuler par la nomination de son numéro 2 au poste de Premier ministre. Emancipé, Yacouba Isaac Zida ne parviendra tout de même pas à arracher le furoncle devenu tique. Et le général Gilbert Diendéré, à deux jours du lancement de la tant espérée campagne électorale, de tenter son baroud d’honneur…

Visage flou de Compaoré

Blaise Compaoré était-il vraiment à la manœuvre discrète de cette tentative de putsch du général que l’on surnomme « Golf » ? Impénétrable de nature et maintenant invisible, l’ancien président ne dit rien depuis des mois. Est-il dans l’état de fragilité physique qu’on lui prête ?
Toujours est-il que Diendéré fut son bras armé depuis l’assassinat de Thomas Sankara auquel l’homme-lige de « Blaise » avoua avoir assisté. Toujours est-il que le coup d’arrêt au processus démocratique transitoire, le 16 septembre dernier, correspondait à l’unique occasion de paralyser des procédures judiciaires aussi inquiétantes pour Compaoré que pour Diendéré. Toujours est-il que l’essai de blocage n’aurait pu être durablement transformé que si le programme du Conseil national de la démocratie (le CND putschiste), très officiellement constitué pour élargir la base de candidatures à la prochaine présidentielle, avait ramené au pouvoir le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti de l’ancien régime.

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Le visage flou de Compaoré, que l’on devine derrière ces récents événements, est-il de ces filigranes qui authentifient ou de ces fantômes que l’on croit identifier dans la persistance rétinienne ? La réponse appartient à l’ancien président, comme la prise de conscience que cette semaine tragique a soldé définitivement ses rêves de pouvoir direct ou indirect.

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