Vente de Tunisiana : l’État ne touchera (presque) rien
La vente de 25% de Tunisiana pourrait rapporter de 400 à 500 millions d’euros. Mais les parts de Sakhr el-Materi confisquées par l’État ayant été achetées à crédit, ce sont les banques qui vont toucher cette somme.
L’État tunisien a tranché : les 150 entreprises confisquées au clan Ben Ali, pour une valeur estimée à près de 2 milliards d’euros, seront cédées par appels d’offres. Le gouvernement ferait ainsi d’une pierre deux coups : il mettrait un frein à la dévalorisation de certaines de ces sociétés et renflouerait ses caisses. Rare exception : la vente de 25 % des actions de Tunisiana, qui ne devrait pas lui rapporter grand chose. Tout tient au montage financier réalisé en janvier 2011 par Sakhr el-Materi pour entrer au capital de Tunisiana à l’occasion de la vente des parts d’Orascom Telecom dans l’opérateur de téléphonie mobile. À l’époque, le gendre de Ben Ali avait créé Zitouna Télécom, dans laquelle il injecte alors avec son groupe Princess Holding 110 millions d’euros dont 60 obtenus auprès de banques. Zitouna Télécom contracta par la suite deux prêts relais d’une valeur de 157,5 millions d’euros chacun ; l’un local auprès d’un consortium bancaire composé d’Attijari Bank, de la Banque Zitouna, de la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT), de la Société Tunisienne de Banque (STB) et de l’Arab Tunisian Bank (ATB) et l’autre en dollars auprès de l’Arab Banking Corporation (ABC). Zitouna Télécom devint, ainsi et à crédit, propriétaire de 25 % de Tunsiana…
6,6 millions d’abonnés et 550 millions d’euros de revenus
Comme il est parvenu à le faire avec le distributeur automobile Ennakl, Sakhr el-Materi comptait sur l’introduction en bourse de Tunisiana pour rembourser les crédits à partir des plus-values réalisées. Les banques, de leur côté, ont toujours eu les actions de Tunisiana en nantissement. Devançant l’intervention de l’État, Attijari Bank avait obtenu une saisie conservatoire des biens de Princess Holding aussitôt le gendre parti du pays. Le revenu de la vente des 25% de Tunisiana reviendra donc en priorité aux banques. Les créanciers n’ont plus de soucis à se faire : avec plus de 6,6 millions d’abonnés, 900 points de vente, un chiffre d’affaires de 550 millions d’euros et un endettement à court terme de 300 millions d’euros, la vente des parts devrait leur pemettre de rentrer dans leurs frais. L’appel d’offres n’étant pas ouvert aux opérateurs télécoms, des financiers sont attendus pour le rachat. La Société financière internationale (SFI), filiale du Groupe Banque mondiale, est annoncée comme candidate potentielle.
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