Vive la recherche scientifique !
Il est temps de voler au service de mes petits camarades… On a lu ici et là, au cours de la semaine dernière, des commentaires ironiques à propos des prix Ig Nobel (ça se prononce « ignoble ») décernés aux projets de recherche les plus farfelus.
Chaque année, c’est un moment de franche rigolade au Sanders Theater de Harvard. Et chaque année, l’Internationale des poujadistes et des populistes pousse les hauts cris : où va l’argent du contribuable ? La recherche scientifique est une vaste farce, ces professeurs Tournesol se gobergent à nos frais, on se moque de nous !
Pourtant, ces chercheurs a priori complètement toqués sont en fait très sérieux. Mais il faut aller un peu plus loin que la présentation plaisante qu’on fait de leurs travaux. Des exemples ? En voici quelques-uns, tirés de la cuvée 2015 :
Des scientifiques d’Autriche, d’Allemagne et du Royaume-Uni ont décroché le prix Ig Nobel de mathématiques pour leur étude consistant à déterminer si le sultan Moulay Ismaël, qui régna sur le Maroc entre 1672 et 1727, a vraiment pu avoir mille enfants, comme le veut la légende. Ils ont calculé qu’il aurait pu en avoir huit cent quatre-vingt-huit… Risible, tordant, loufoque ? Non. En fait, ces chercheurs voulaient simplement définir le modèle mathématique le plus apte à simuler la reproduction humaine…
Mark Dingemanse a obtenu l’Ig Nobel de littérature pour avoir découvert que le mot « euh » existait dans toutes les langues du monde
Le prix Ig Nobel de médecine a récompensé une équipe internationale menée par Diallah Karim (Canada) qui a établi qu’un malade souffrant d’appendicite éprouve un surcroît de douleur si la voiture qui le transporte franchit un ralentisseur sur la route. Aïe, aïe, aïe… Grotesque ? Pas du tout : il s’agissait de pouvoir diagnostiquer à distance une appendicite afin d’être prêt à opérer le malade dès son arrivée à l’hôpital. Quelques minutes de gagnées, c’est parfois une vie sauvée…
Mon collègue Mark Dingemanse a obtenu l’Ig Nobel de littérature pour avoir découvert que le mot « euh » existait dans toutes les langues du monde pour exprimer l’incompréhension. Délirant, non ? Totalement inutile ? Pas du tout : au moment où l’intelligence artificielle est en plein boom, il est important d’apprendre aux robots des expressions universelles, par exemple comment dire : « Je ne comprends pas. » Euh ? Tout juste.
Vous êtes convaincus ? Si oui, sachez que mon ami Peter cherche des subventions pour étudier la question suivante : pourquoi les ours polaires sont-ils tous gauchers ? Vous mettriez de l’argent là-dedans ? Eh bien, nous devrions tous le faire : Peter pense qu’en répondant à cette question, on en saura un peu plus sur la maladie d’Alzheimer. Étonnant, non ? Et vive la science !
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