Guinée : Alpha Condé inaugure le barrage hydroélectrique de Kaléta

Le barrage de Kaléta a été inauguré lundi par le président Alpha Condé en présence des chefs d’État nigérien et congolais. La Guinée attend beaucoup de cette centrale, qui devrait permettre de combler une partie du déficit électrique du pays.

Vue des installations électriques de Kaléta, en Guinée. © Capture d’écran / AFP / Youtube

Vue des installations électriques de Kaléta, en Guinée. © Capture d’écran / AFP / Youtube

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Publié le 29 septembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Le président guinéen, en compagnie de ses homologues nigérien, Mahamadou Issoufou, et congolais, Denis Sassou Nguesso, a inauguré, lundi 28 septembre 2015, le barrage hydroélectrique de Kaléta, sur le fleuve Konkouré, à 150 km au nord-est de Conakry, dans la préfecture de Dubréka.

L’ouvrage d’une capacité de 240 mégawatts (MW) a coûté 446 millions de dollars conjointement financés par l’État guinéen à 25 % et China Exim Bank à 75 %. Cette centrale devrait permettre de résorber une bonne partie du déficit énergétique du pays, estimé à 400 MW.

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L’entreprise China International Water and Electric a dû ramener le délai d’exécution des travaux lancés en avril 2012 de quatre à trois ans, à la demande d’Alpha Condé, expliquent les autorités guinéennes. « Jamais un barrage d’une telle capacité n’a été réalisé en un temps pareil », a affirmé le ministre de l’Énergie et de l’hydraulique, Cheick Taliby Sylla, qui précise que « 2 500 jeunes Guinéens et 850 Chinois ont travaillé sur ce chantier ».

Paradoxe guinéen

« On dit que la Guinée est un scandale géologique, agricole, le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest. Mais paradoxalement, nous n’avons ni eau ni électricité. Ce paradoxe ne pouvait pas continuer », a constaté le président Condé dans une brève allocution interrompue par une averse.

« L’électricité est très importante pour l’Afrique, a-t-il ajouté. C’est pourquoi nous sommes très heureux du projet de notre ami et frère, Jean-Louis Borloo. […] Je suis certain que tous les chefs d’État ou leurs représentants présents, mon cher Jean-Louis Borloo, vont vous accompagner pour faire de votre projet une réalité », a-t-il déclaré à l’adresse de l’ancien ministre de l’Écologie de Nicolas Sarkozy, porteur de l’initiative « Énergies pour l’Afrique ».

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En réponse, le dirigeant français s’est réjoui que la Guinée ait décidé « de doubler l’accès à l’énergie. C’est un événement mondial. Je félicite mon frère et ami, le président Alpha Condé, et lui dis que c’est le projet de la parole tenue, qui change la vie de quatre millions de Guinéens…».

Des localités désenclavées

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Au-delà de Conakry et de huit autres préfectures de la basse et moyenne Guinée qui devraient bénéficier du projet, la réalisation du barrage de Kaléta a permis de désenclaver les sous-préfectures riveraines de Badi et de Tondon.

Une route de 72 km qui mène au site a été aménagée et sera bitumée dès octobre, après la période des grandes pluies, a assuré Cheick Taliby Sylla. Un pont d’une centaine de mètres construit sur le fleuve Badi facilite désormais la traversée qui se faisait par pirogue avec des risques de naufrage, s’est réjoui Aboubacar Bamba, maire de la commune rurale de Tondon.

Une odeur de campagne électorale

Le choix de la période (à moins de deux semaines du scrutin présidentiel du 11 octobre) et de la date de l’inauguration de ce projet phare du quinquennat d’Alpha Condé (le 28 septembre marque l’anniversaire du « non » de Sekou Touré au Général de Gaulle, en 1958) ne semblent évidemment pas fortuits. Tôt le matin, les militants du RPG Arc-en-ciel ont pris d’assaut le site, vêtus aux couleurs de leur parti et entonnant des slogans favorables au président sortant.

Le défi pour le candidat du RPG Arc-en-ciel est de convaincre les électeurs réticents que le courant de Kaléta ne désertera pas les foyers pendant la saison sèche.

En 2010, Alpha Condé, alors candidat, avait promis du courant aux Guinéens en trois mois. Dès son investiture, il s’y est attelé sans grand résultat. « Nous avons fait une erreur grave, en achetant les centrales thermiques, avait-il admis devant la presse, le 27 août 2015 au palais présidentiel Sékhoutouréya. Les 120 millions de dollars qui ont été consacrés à l’achat de nouvelles centrales thermiques auraient pu être utilisés par l’État pour améliorer le réseau de transport et de distribution du courant. J’aurais dû laisser les [opérateurs] privés acheter les centrales, pour qu’ils vendent ensuite leurs productions à l’EDG [Électricité de Guinée, NDLR] ».

Défis

Le défi pour le candidat du RPG Arc-en-ciel est de convaincre les électeurs réticents que le courant de Kaléta ne désertera pas les foyers pendant la saison sèche, comme le soutiennent ses opposants qui pointent du doigt Garafiri. L’autre barrage hydroélectrique sur le même fleuve Konkouré, inauguré en grande pompe en 1999 par le défunt président Lansana Conté, en présence de l’ex-président français, Jacques Chirac, n’avait pas tenu toutes ses promesses.

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