Économie marocaine : la parole aux experts
Invités par le groupe Attijariwafabank, ministres et décideurs ont débattu le 23 juillet de la conjoncture économique marocaine et internationale.
C’est le 23 juillet, après le repas de rupture du jeûne du ramadan, que le groupe Attijariwafabank avait choisi d’organiser sa seconde conférence économique, à l’hôtel Hyatt, en plein cœur de Casablanca. « Le ramadan est l’occasion de nous retrouver, de montrer sa solidarité avec les autres, mais aussi de faire le point. Pour nous, chefs d’entreprise, c’est un bon moment pour prendre de la hauteur, dans un monde de plus en plus instable, avec une visibilité économique qui se réduit », a expliqué Mohamed El Kettani, président d’Attijariwafabank, en guise d’introduction aux débats, devant un parterre de décideurs publics et privés, journalistes et étudiants. Successivement, le ministre marocain de l’Économie et des Finances Nizar Baraka, la toute nouvelle « patronne des patrons » Meriem Bensalah Chaqroun, l’ancien ministre des affaires étrangères français Hubert Védrine et l’éditorialiste parisien Alexandre Adler, sont venus à la tribune donner leur vision de la conjoncture économique marocaine et internationale… et leurs plans pour que le royaume chérifien tire son épingle du jeu.
Savez-vous que 186 signatures sont nécessaires pour qu’un projet immobilier aboutisse ?
Meriem Bensalah Chaqroun, CGEM
Un déficit budgétaire à 3% en 2016
Nizar Baraka a saisi cette occasion pour décliner la politique économique du gouvernement. « D’abord, nous voulons renforcer la croissance intérieure marocaine, trop faible jusqu’à présent, par un soutien notamment aux PME, qui constituent 95% de notre tissus économique. Nous souhaitons aussi améliorer nos performances en matière d’exportation en faisant du pays une véritable plateforme tournée vers des marchés diversifiés, et plus uniquement vers l’Europe. Dans le même temps, nous allons renforcer notre système de protection sociale, mais aussi faire mieux en matière d’aménagement du territoire, par une politique de régionalisation offensive. Enfin, dernier chantier : il nous faut améliorer la gouvernance », a martelé le ministre, issu de l’Istiqlal (droite conservatrice). Il s’est aussi voulu rassurant quant à la situation de la balance commerciale et du déficit public. « Non, quand l’Europe tousse, la Maroc ne tombe pas malade, ce n’est pas vrai », a-t-il répeté à l’assistance, fustigeant au passage les « chiffres erronés » qui circulent sur le déficit budgétaire marocain, à 5,5% d’après lui (quand certains journaux locaux l’annoncent à 8%). « A l’horizon 2016, notre déficit budgétaire sera à moins de 3% », a-t-il garanti.
Meriem Bensalah Chaqroun a quant à elle loué « l’ouverture du Maroc, tant économique qu’humaine, qui oblige depuis longtemps les entreprises à se confronter à la concurrence internationale, et à y gagner en efficacité et en chiffre d’affaires ». Mais la présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a aussi mis en exergue les défis – nombreux – que le pays doit encore relever. « Il reste beaucoup à faire pour améliorer le climat des affaires », a-t-elle affirmé, s’offusquant au passage des lourdeurs administratives.
A l’horizon 2050, le pouvoir d’achat de l’Afrique sera supérieur à celui de l’Amérique latine !
Mohamed El Kettani, Attijariwafabank
Dialogue social apaisé
« Savez-vous que 186 signatures sont nécessaires pour qu’un projet immobilier aboutisse ? », a-t-elle lancé à l’adresse de Nizar Baraka. Autre chantier prioritaire, pour celle qui est aussi à la tête des Eaux minérales d’Oulmès, la réduction de la part du secteur informel dans l’économie. « Il faut faire œuvre de pédagogie et préparer un « package » complet, fiscal et pratique, pour que les petites entreprises sautent le pas ». Enfin, la patronne des patrons s’est aussi attardée sur la « nécessité de construire un dialogue social apaisé au sein des entreprises », alors que les conflits syndicats-patronats sont en recrudescence ces derniers mois.
Au terme de leur analyses géopolitiques, Hubert Védrine et Alexandre Adler ont tous deux poussé les dirigeants marocains à diversifier leurs partenariats économiques. L’ancien ministre français a ainsi interpelé l’assistance : « Vous ne devez pas vous limiter à l’hexagone et à l’Espagne. Il faut savoir être opportuniste au cas par cas. Pour l’Office chérifien des phosphates, cela peut être le Brésil, pour l’aéronautique, la Chine ou l’Europe… A chacun de voir ». Sur cette question des nouveaux partenariats, Mohamed El Kettani a son idée. « A l’horizon 2050, le pouvoir d’achat de l’Afrique sera supérieur à celui de l’Amérique latine ! Attijariwafabank a fait le pari de l’Afrique depuis longtemps et nous en récoltons déjà les fruits. J’encourage tous ceux qui ne sont pas allés aux sud du Sahara à s’y lancer », a-t-il conclu.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- Doublé par la junte au Mali, Maroc Telecom restera-t-il dans le pays ?
- Chez Itoc au Sénégal, les enfants de Baba Diao revisitent la gouvernance du groupe
- Carburant en Afrique : pourquoi les exportateurs mondiaux jouent des coudes pour a...
- « Neuf des vingt pays qui présentent les taux de croissance les plus forts au mond...
- Sénégal : à quoi doit servir la nouvelle banque de la diaspora ?