Zimbabwe – ONU : à croire que Mugabe est gay…
Si c’est toujours la poule qui chante qui a pondu l’œuf, pourquoi l’homophobe Robert Mugabe se sent-il obligé de déclarer régulièrement qu’il n’est pas gay ? Cette fois, c’est l’Assemblée générale des Nations-unies qu’il vient de prendre à témoin…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 30 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.
Sacré vieux Bob ! Du terrorisme au réchauffement climatique, en passant par les migrations, les sujets ne manquent pas, pour les chefs d’État qui défilent, à la queue-leu-leu, devant le podium marbré de l’Assemblée générale de l’ONU. Ce lundi 28 septembre, à New York, le président du Zimbabwe a, une nouvelle fois, tenté l’esprit de contradiction.
Contradictoire mais peu original, Robert Mugabe a réchauffé l’une de ses vieilles marottes en lançant à la cantonade : « nous ne sommes pas gays ! ». Comme de bien entendu, le nonagénaire entendait dénoncer le « péril » homosexuel qu’instille « le nouvel agenda des droits de l’homme qui est imposé par l’Occident, et plus spécifiquement la volonté de mettre fin à la criminalisation et la persécution envers les homosexuels ».
Au pouvoir depuis 1980, Mubage a toujours à cœur de contrecarrer les amours entre personnes du même sexe. Selon lui, l’Occident ne veut pas seulement faire accepter les droits des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), mais carrément imposer l’homosexualité à tous les Africains. En 2011, après avoir évoqué le « Royaume Gay Uni », il s’étonnait de voir un président américain né d’un père africain « conditionner les aides financières » à l’acceptation de l’homosexualité. Obama « est-il né de l’homosexualité ? », s’était interrogé le président zimbabwéen, allant jusqu’à scander « John et John, non ; Maria et Maria, non ».
« La connaissance charnelle contre l’ordre de la nature »
Craignant pour l’avenir de « la race africaine », il n’avait pas seulement justifié les lourdes peines de prison prévues, dans le code pénal de son pays, pour orientation sexuelle inconvenante. Il avait envisagé d’un bon œil l’émasculation éventuelle des homosexuels. En 2013, en pleine campagne électorale, il lançait : « Les hommes qui participent à ce genre de pratique mériteraient d’être castrés » et d’aller « tout droit en enfer pour y pourrir ».
Dans le landernau politique zimbabwéen, le vieux Bob n’a pas l’apanage de la rhétorique homophobe. Et le Zimbabwe ne fait pas exception en Afrique. En Afrique de l’Est ? Le gouvernement ougandais considère les relations gays comme « la connaissance charnelle contre l’ordre de la nature ». En Afrique du Nord ? À Sousse, un étudiant de 22 ans vient d’être condamné à un an de prison ferme pour sodomie. En Afrique de l’Ouest ? En 2013, devant le même Barack Obama que fustige Mugabe, le président sénégalais Macky Sall affirmait ne pas avoir de leçon d’homophilie à recevoir d’un pays appliquant la peine de mort…
Que rétorquer ? Comment résister ? En 2012, considérant que l’humain hargneux ne résiste jamais longtemps aux sirènes des dons humanitaires, l’association « Sexual Rights Center » offrit à la municipalité zimbabwénne de Bulawayo des poubelles roses arborant un sigle en faveur des droits des homosexuels. On n’aime pas les homosexuels, mais on aime leurs cadeaux.
Robert Mugabe est un prestidigitateur qui détourne l’opinion des vrais problèmes dans lesquels il a plongé son pays. À moins que son obsession ne cache une sensibilité refoulée. En 2007, le chantre de l’homophobie au Sénat américain, Larry Craig, était lui-même accusé de tentative de contact douteux avec un policier, dans les toilettes de l’aéroport de Minneapolis…
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