Burkina : Gilbert Diendéré arrêté, Michel Kafando à New York, la transition reprend son cours
Gilbert Diendéré s’est rendu jeudi aux autorités burkinabè et se trouve désormais dans un camp de gendarmerie de Ouagadougou. La transition semble pouvoir reprendre sa marche en avant avec, en point de mire, l’élection présidentielle.
Gilbert Diendéré avait promis à maintes reprises qu’il se mettrait à la disposition de la justice. Il a tenu parole, après d’âpres négociations, jeudi 1er octobre dans l’après-midi, sortant de lui-même de la résidence du nonce apostolique, l’ambassadeur du Vatican. Il s’y était réfugié deux jours plus tôt, peu avant l’attaque sur la caserne où étaient retranchés les derniers éléments putschistes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).
Le général Gilbert Diendéré a accepté d’être conduit au camp de gendarmerie Paspanga, près du centre-ville. Il dépend désormais de la justice militaire qui sera en charge du dossier. Une autre figure du coup d’État, le lieutenant-colonel Mamadou Bamba, qui avait lu les communiqués des putschistes à la télévision, s’est lui aussi rendu jeudi dans la matinée tandis que la veille, six officiers ayant participé au coup de force avaient été arrêtés.
« La prison, c’est peu »
« C’est un soulagement que toute cette histoire se termine par la reddition du général Diendéré. C’est une ouverture pour la justice qui peut juger les crimes commis pendant le putsch mais aussi tous ceux dans lequel ce général a pu être impliqué », a réagi Me Guy Hervé Kam, de l’organisation de la société civile Balai citoyen.
Les violences ayant suivi le putsch ont fait 11 morts, selon le bilan officiel.
« Cela ouvre la voie pour les élections de sortie de la transition, et la résistance a montré un sentiment collectif de défense de la démocratie au Burkina », a ajouté le porte-parole du Balai citoyen, tandis que, dans la rue, l’annonce de l’arrestation de Gilbert Diendéré était bien accueillie.
« Je suis très content. Maintenant, il faut l’amener place de la Révolution pour que les familles de ses victimes puissent lui dire un mot », a estimé Omar, vendeur de 24 ans. « Il a commis des crimes. La prison, c’est peu », a-t-il ajouté. Les violences ayant suivi le putsch ont fait 11 morts et 271 blessés, selon le bilan officiel.
Procédures judiciaires en cours
Les autorités burkinabè ont par ailleurs fait procéder à l’arrestation du vice-président de la rébellion touareg Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Mahamadou Djeri Maïga. Brièvement interpellé, jeudi en fin d’après-midi, à l’aéroport de Ouagadougou alors qu’il voulait prendre l’avion pour quitter le pays, il a été entendu pendant plusieurs heures avant d’être libéré vers 23h00 locales (et GMT). « Mahamadou Djeri Maïga a été arrêté sur des allégations qui portent à croire qu’il allait fournir un appui logistique au putsch », a affirmé une source militaire.
D’autres interpellations seraient encore à attendre, selon le gouvernement. Dans un communiqué publié jeudi, il précise ainsi que, « suite à la mise en échec du putsch (…), les autorités compétentes procèdent à l’interpellation de personnes suspectes ou impliquées dans la tentative de déstabilisation des institutions de la transition ». « Les procédures judiciaires ont déjà été enclenchées », ajoute-il.
Vers la présidentielle
Du côté du RSP, au moins 800 à 900 des 1 300 hommes avaient déjà rejoint leur nouvelle affectation jeudi après-midi, selon une source de l’état-major. Les soldats de l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré, dissoute le 25 septembre par le gouvernement, avaient jusqu’à vendredi pour se présenter dans une caserne ou à leur nouveau poste sous peine de sanction. Certains « irréductibles et meneurs » étaient cependant recherchés par la justice, a ajouté cette source.
Conséquences notables de l’amélioration de la situation, le président Michel Kafando s’est envolé jeudi pour l’Assemblée générale des Nations unies à New York et, à Ouagadougou, la vie reprenait son cours. Un important dispositif militaire reste toutefois déployé à certains endroits stratégiques de la ville et le couvre-feu (23h-5h30) est toujours en vigueur.
Les attentions semblaient désormais une nouvelle fois se porter sur l’organisation de l’élection présidentielle, alors que le président de la transition a promis mercredi de fixer une nouvelle date pour le scrutin, après concertation avec toutes les parties concernées.
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