Le sud-africain Tiger Brands sort ses griffes

Le groupe sud-africain va acquérir 63,4 % de Dangote Flour Mills, numéro deux sur le marché nigérian de la farine. De quoi dynamiser ce dernier et conforter la stratégie d’expansion du leader africain.

À Lagos, au Nigeria, un entrepôt de Dangote Flour Mills. © Akintunde Akinleye/Reuters

À Lagos, au Nigeria, un entrepôt de Dangote Flour Mills. © Akintunde Akinleye/Reuters

Publié le 23 juillet 2012 Lecture : 3 minutes.

Une opération saluée par les marchés. L’action Tiger Brands cotée à Johannesburg est passée de 247,06 rands (23,95 euros) le 3 juillet, veille de l’annonce, à 260,36 rands le 11 du même mois. Pour sa part, le titre DFM, en perte de vitesse depuis un an (- 58,14 %), a repris des couleurs. De 5,67 nairas (0,027 euro) le 3 juillet, il est monté à 6,87 nairas le 9, avant de redescendre à 6,70 nairas le 10.

L’opération attend encore l’aval de l’organe de contrôle du marché boursier nigérian (SEC). Ce n’est qu’après ce feu vert que ses détails seront connus. Toutefois, la valorisation de DFM a fondu aux environs de 145 millions d’euros. Selon les analystes, Tiger Brands devra signer un chèque supérieur à ce montant pour finaliser l’opération.

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 Offensive panafricaine

Quoi qu’il en soit, Tiger Brands est bien parti pour réaliser l’une des plus importantes acquisitions de l’année. DFM, intégré dans le groupe d’Aliko Dangote en 1999, est le numéro deux du pays dans la farine, avec un chiffre d’affaires 2011 en recul (voir infographie), à 66,28 milliards de nairas, et des marges inférieures à celles de ses concurrents. Toutefois, la société, qui possède quatre meuneries, investit pour doubler ses capacités de transformation de farine. « L’accord va dynamiser Dangote Flour Mills en crédibilisant ses produits et en élargissant son horizon commercial. Cela renforcera le niveau de garantie souhaité par les fonds étrangers et standardisera leurs process, c’est ce que veulent les investisseurs », affirme Eugene Ezenwa, chef des opérations du broker PAC Securities, à Lagos.

De son côté, Tiger Brands (céréales, produits carnés, hygiène et santé…) confirme ainsi son désir d’expansion hors d’Afrique du Sud. Fort d’un chiffre d’affaires de presque 2 milliards d’euros en 2011 et d’un résultat net de 321 millions d’euros, le numéro un africain de l’agroalimentaire (hors boissons), qui détient 44 usines, est en pleine offensive sur le continent ainsi qu’à l’international (Pérou, Chili, Argentine). « Alors que notre marché national n’échappe pas à la crise mondiale, avec, notamment, une baisse de la consommation depuis 2009, nous voulons développer nos activités hors d’Afrique du Sud pour qu’elles représentent 30 % de nos ventes dans les cinq à dix ans », a indiqué le 22 mai Peter Matlare, le PDG.

Et ce ne sont pas que des mots. En 2010, le chiffre d’affaires « africain » du groupe – hors Afrique du Sud – équivalait à 7,5 % des ventes. Soit 1 500 millions de rands, en progression de 75 % par rapport à 2010. L’une des premières incursions du groupe loin de ses bases a été réalisée via le rachat de 74,7 % en 2008 du camerounais Chococam au suisse Barry Callebaut, dont les ventes sont passées depuis de 28 à 32,3 millions d’euros.

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Aujourd’hui, les produits de Tiger Brands se vendent dans une vingtaine de pays africains, jusqu’au Sénégal et en Éthiopie, en passant par le Burkina Faso et la RD Congo. Le Kenya, le Cameroun, le Nigeria et l’Éthiopie font figure de plateformes régionales. Et ces deux derniers, en raison de leur important potentiel de consommation, sont les cibles prioritaires du groupe.

Avec leur potentiel de consommation, le Nigeria et l’Éthiopie sont les cibles prioritaires.

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Croissance bien menée

Rien qu’en 2011, Tiger Brands a réalisé quatre opérations de croissance externe en Afrique pour 2,1 milliards de rands. En avril, il a acquis le fabricant de biscuits Deli Foods Nigeria, ainsi que 51 % de East African Group (Éthiopie), qui propose des produits alimentaires et des soins du corps. En mai, le sud-africain a repris 51 % d’UAC Foods of Nigeria, un groupe diversifié dans l’eau, les glaces et la charcuterie. Et a également racheté pour 1,4 milliard de rands son compatriote Davita Trading, qui produit et exporte jus et fruits de saison dans vingt-huit pays d’Afrique et du Moyen-Orient.

Une politique de croissance externe plutôt bien menée. Sur le premier semestre de l’exercice en cours, le chiffre d’affaires à l’international a atteint 1 813 millions de rands, contre 883,9 millions sur la même période un an plus tôt. Mais si le rachat de DFM est la plus importante opération de ce type réalisée par le groupe depuis trois ans, 2012 sera avant tout une année de consolidation. Une stratégie payante. En un an, l’action Tiger Brands a augmenté de 31,11 %.

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