Madagascar : Telma dans le grand bain

Tirer un câble sous-marin entre Madagascar, les Comores et Mayotte : c’est le nouveau projet de Telma, l’opérateur historique malgache. Une preuve du chemin parcouru par la société, moribonde avant sa privatisation.

Telma comptait fin 2011 1,8 millions d’abonnés à ses services de téléphonie mobile. Rijasolo/Riva Press pour JA

Telma comptait fin 2011 1,8 millions d’abonnés à ses services de téléphonie mobile. Rijasolo/Riva Press pour JA

Julien_Clemencot

Publié le 27 juillet 2012 Lecture : 3 minutes.

Cliquez sur l'image.Car depuis qu’il a obtenu une licence mobile en 2007, le malgache est devenu un concurrent féroce pour la filiale locale de France Télécom, qui trustait auparavant 70 % des abonnés. S’il ne pèse que 30 % d’un marché qui compte 6 millions d’abonnés (contre 37 % pour l’indien Airtel et 33 % pour Orange), Telma affiche le plus gros chiffre d’affaires du secteur, 134 millions de dollars (103,5 millions d’euros) en 2011. Pour France Télécom, la pilule est d’autant plus amère que depuis la crise politico-économique de 2009 « le revenu mensuel par utilisateur a fortement chuté pour se stabiliser à environ 3 dollars », détaille Patrick Pisal-Hamida, administrateur directeur général de Telma.

Mal en point au moment de sa vente par l’État (toujours détenteur de 32 % du capital) en 2004, l’opérateur historique a subi une transformation radicale sous l’impulsion de ses actionnaires privés, la famille Hiridjee et la société d’investissement Distacom, basée à Hong Kong. « À l’époque, l’entreprise ressemblait à un champ de ruines, se rappelle Hassanein Hiridjee. Les caisses étaient vides, la gestion était archaïque et il n’y avait aucune vision stratégique pour les années à venir. » L’opérateur ne comptait que 30 000 abonnés au téléphone fixe pour un effectif de 2 800 salariés. Depuis, le nombre de collaborateurs a été ramené à 1 200, dont la moyenne d’âge est passée de 54 à 32 ans. « Pour percer, nous avons aussi misé sur l’innovation en étant les premiers à facturer nos clients à la seconde, à proposer des terminaux BlackBerry, à lancer la 3G [haut débit mobile, NDLR] ou à introduire le transfert d’argent via le mobile », détaille le président du conseil d’administration.

la suite après cette publicité

Relais

Surtout, 250 millions de dollars ont été injectés pour développer des infrastructures télécoms auparavant laissées à l’abandon. Désormais, l’opérateur couvrirait, selon sa direction, 60 % du territoire, soit 80 % de la population. Il est également le cinquième investisseur (15 millions de dollars) du consortium propriétaire du câble Eassy, mis en service en 2010 entre Mtunzini (Afrique du Sud) et Port-Soudan (Soudan).

Pour Hassanein Hiridjee, internet – dont le taux de pénétration dans la population n’est pourtant que de 5 % – doit d’ores et déjà être considéré comme le prochain relais de croissance. Parmi ses clients, Telma peut notamment compter sur les entreprises minières, très actives à Madagascar. « Le développement des services de e-gouvernement, par exemple de la part des douanes, est également un facteur favorable au décollage des échanges de données », estime Hiridjee. Bien reliée au réseau mondial, l’île pourrait en outre s’imposer comme une terre d’accueil pour les centres de stockage de données des entreprises des archipels voisins. Un marché régional que Telma envisage aussi d’attaquer par le biais d’une acquisition. Pourquoi pas aux Comores, où le Fonds monétaire international (FMI) pousse le gouvernement à privatiser l’opérateur historique

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Contenus partenaires