Recul « historique » de la pauvreté dans le monde, selon la Banque mondiale

L’extrême pauvreté devrait reculer cette année à un niveau sans précédent et frapper moins de 10% de la population mondiale en dépit d’une situation encore « très inquiétante » en Afrique, selon un rapport de la Banque mondiale (BM) publié dimanche.

Le bidonville de Katanga, dans la capitale ougandaise de Kampala, le 18 décembre 2012. © Michele Sibiloni/AFP

Le bidonville de Katanga, dans la capitale ougandaise de Kampala, le 18 décembre 2012. © Michele Sibiloni/AFP

Publié le 4 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

« Nous pourrions être la première génération dans l’histoire qui pourrait mettre un terme à l’extrême pauvreté », s’est félicité Jim Yong Kim, le président de l’institution qui tient la semaine prochaine son assemblée générale à Lima, au Pérou, avec le FMI.

Selon les projections de la BM, quelque 702 millions de personnes, soit 9,6% de la population mondiale, vivent sous le seuil de pauvreté, que l’institution a d’ailleurs relevé de 1,25 à 1,90 dollar par jour pour tenir notamment compte de l?inflation.

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En 2012, date des données disponibles les plus récentes, les plus défavorisés de la planète étaient 902 millions, soit près de 13% de la population mondiale, une proportion qui atteignait encore 29% en 1999.

Selon M. Kim, ce recul est le fruit d’une croissance économique dynamique, d’investissements dans la santé, l’éducation et dans les mécanismes de protection sociale qui ont permis d’éviter à des millions de personnes « de retomber dans la pauvreté ».

Cette embellie, espère le dirigeant, pourrait donner un « nouvel élan » à la communauté internationale après la récente adoption par les Nations unies de nouveaux objectifs de développement durable, dont l’éradication de l’extrême pauvreté.

Obstacles

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La Banque mondiale note toutefois que « de nombreux obstacles » demeurent, notamment en raison de fortes disparités géographiques.

Si la tendance est à une nette baisse en Asie orientale — et spécialement en Inde — ou en Amérique du Sud, l’extrême pauvreté s’enracine en Afrique subsaharienne où elle frappe encore cette année 35,2 % de la population.

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Selon la Banque, la région abrite ainsi, à elle seule, la moitié des plus défavorisés du globe.

« La concentration croissante de la pauvreté dans le monde en Afrique subsaharienne est extrêmement inquiétante (…). La région dans son ensemble n’arrive pas à suivre le rythme de réduction de la pauvreté du reste du monde », souligne la Banque mondiale.

La situation est particulièrement préoccupante dans les deux pays les plus touchés sur le globe, Madagascar et la République démocratique du Congo, dont quelque 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, d’après le rapport.

L’institution reconnaît par ailleurs qu’elle ne dispose pas de données fiables sur la pauvreté au Moyen-Orient et au Maghreb en raison des « conflits » et de « la fragilité » dans les principaux pays de la région.

Turbulences

La Banque mondiale met surtout en garde contre tout retournement de la croissance dans les pays émergents, qui montre des signes d’essoufflement après avoir porté l’économie mondiale pendant la crise financière de 2008-2009.

« Le développement a été robuste au cours des deux dernières années mais le long ralentissement mondial depuis la crise financière de 2008 commence à produire ses effets sur les pays émergents », a estimé l’économiste en chef de la BM, Kaushik Basu.

La Banque s’inquiète spécifiquement de l’impact du prochain resserrement de la politique monétaire américaine, qui pourrait conduire les investisseurs à quitter en masse les pays à faible revenu au risque de les priver de ressources vitales.

« Il y a des turbulences à venir (…) qui créeront de nouveaux défis dans le combat pour mettre fin à la pauvreté », a estimé l’économiste en chef de la BM.

Tout en saluant la tendance à un recul de la pauvreté, l’organisation Oxfam a estimé que le chiffre global « restait intolérablement élevé ». « Beaucoup reste à faire », a déclaré Nicolas Mombrial, le directeur de l’organisation à Washington.

« La mobilisation de nouvelles ressources et un changement politique radical sont nécessaires », a-t-il ajouté.

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