RDC : pour HRW, les autorités ont fomenté l’attaque du 15 septembre contre l’opposition

Des responsables des services de sécurité et du parti au pouvoir à Kinshasa sont-ils impliqués dans l’attaque d’un rassemblement de l’opposition, le 15 septembre ? C’est ce qu’affirme l’organisation américaine de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch, dans un rapport publié mardi 6 octobre.

Des opposants au président congolais Jospeh Kabila manifestent à Kinshasa, le 15 septembre 2015. © John Bompengo/AP/SIPA

Des opposants au président congolais Jospeh Kabila manifestent à Kinshasa, le 15 septembre 2015. © John Bompengo/AP/SIPA

Publié le 6 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

Des allégations que le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a aussitôt balayées. Ce dernier a dénoncé un rapport « politiquement motivé » et « pas crédible ». « Nous sommes intéressés à toute dénonciation fondée sur des faits vérifiables pour permettre à la justice de faire son travail », a-t-il cependant ajouté.

Les témoignages recueillis par Human Rights Watch sont accablants. Selon l’ONG, « plusieurs jeunes hommes qui ont reconnu avoir participé à l’attaque ont affirmé [à l’ONG] qu’ils se trouvaient parmi plus de 100 jeunes recrutés par de hauts responsables de la sécurité et des responsables du PPRD », le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie.

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Des assaillants formés et payés par les autorités, selon HRW 

D’après le rapport, ces jeunes ont indiqué avoir été formés dans un camp militaire la veille du rassemblement du 15 septembre et y avoir reçu instruction d’attaquer « dès qu’un des leaders de l’opposition insulterait le président » de la République. Chacun aurait été payé environ 65 dollars. Le chef de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama, plusieurs fois accusé de graves violations des droits de l’Homme, « figurait parmi au moins trois hauts responsables » ayant « donné des instructions », selon les témoignages recueillis.

Aux termes de la Constitution de la République démocratique du Congo, le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne peut se représenter lors de la présidentielle devant avoir lieu en novembre 2016. L’opposition et une partie de la majorité l’accusent cependant de chercher à tout faire pour se maintenir en poste, par exemple en retardant le scrutin. C’est aussi l’avis du dernier gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, qui a démissionné avec fracas du PPRD.

« Un contexte de répression croissante » en vue des élections 

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C’est avec ces soupçons en tête qu’une manifestation avait été convoquée le 15 septembre par une plateforme de l’opposition qui répétait à quelques milliers de personnes que Joseph Kabila devait « partir » en 2016. Le cortège avait alors violemment été attaqué par une dizaine de jeunes, armés de bâtons et cailloux. D’après HRW, « des agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR), de la police et de l’armée, tous en tenue civile, auraient également pris part à l’attaque », qui s’est déroulée sans que les policiers déployés n’interviennent.

Après l’effet de surprise, les manifestants avaient violemment riposté. Selon le gouvernement, l’attaque avait ainsi fait « trois blessés ». Mais HRW assure qu’une personne a été tuée – un des assaillants – et qu’une dizaine d’autres avaient été blessées.

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Pour HRW, l’attaque du 15 septembre « n’était qu’un incident » parmi d’autres « dans un contexte de répression croissante » pré-électorale. Pour calmer le jeu, l’ONG appelle la Mission de l’ONU (Monusco) à déployer sa police lors des manifestations politiques.

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