Africa Re, sans pertes ni dégâts
Après une année 2011 favorable, le numéro un du continent conserve la confiance des agences de notation. Il peut donc poursuivre son développement sur un marché africain où tout reste à faire.
Comme en 2011, la Société africaine de réassurance (Africa Re) a passé avec succès le test de confiance des agences de notation. Corneille Karekezi, directeur général, savoure le A- obtenu récemment auprès d’A.M. Best et de Standard & Poor’s. « Nous sommes le seul réassureur aussi bien noté, tant en Afrique qu’au Moyen-Orient. Cela valide le fait que nous gérons sainement nos risques », se réjouit-il. Pour Africa Re, cette bonne note signifie une capacité à emprunter à des taux moins élevés que ses concurrents, à attirer davantage de clients… et donc à améliorer les résultats.
Alors que l’assureur des assureurs – il compte parmi ses clients la Compagnie malgache d’assurances et de réassurance, la Compagnie algérienne d’assurance totale, la Société nationale d’assurances (RD Congo)… – a achevé le 22 juin dernier à Rabat son assemblée générale, son directeur peut s’enorgueillir d’une belle rentabilité. « Je ne connais pas une seule autre société de réassurance, même un géant comme l’allemand Munich Re ou le français Scor, qui peut comme nous réaliser 17 % de retour sur fonds propres », s’exclame ce Rwandais, arrivé à la tête de l’entreprise en juillet 2011 (lire encadré).
« La succession s’est faite en douceur »
Pas facile de prendre la suite du Mauritanien Bakary Kamara, emblématique directeur général d’Africa Re de 1993 à 2011. Pourtant, un an après l’avoir remplacé, le Rwandais Corneille Karekezi, 46 ans, discret mais efficace, toujours habile à dégager des consensus, s’est fait un nom au sein d’une institution où sont représentés 41 États africains et 98 compagnies d’assurances. L’ancien directeur général de la Société nouvelle d’assurances du Rwanda (Sonarwa, de 2008 à 2009), qui est né, a grandi et a étudié en exil au Burundi, a eu le temps de faire ses preuves. « Africa Re a organisé la succession en douceur. Après mon recrutement, on m’a d’abord nommé directeur général adjoint pendant deux ans aux côtés de Bakary Kamara », raconte Corneille Karekezi, qui manie aussi bien l’anglais que le français, mais avoue préférer la langue de Molière et de Senghor. C.L.B.
Créé en 1976 à l’instigation de l’Union africaine pour soutenir l’essor des compagnies d’assurances du continent, Africa Re a perçu 631 millions de dollars de primes en 2011 (487 millions d’euros).C’est huit fois plus qu’en 2000 et 0,6 % demieux qu’en 2010. Une belle résistance, notamment face aux dépréciations du naira et du rand, devises cruciales pour une firme dirigée depuis Lagos et dont la filiale sud africaine pèse 35% de l’activité. Quant aux sinistres réassurés par Africa Re, ils lui ont coûté 284 millions de dollars en 2011, soit 12 % de moins qu’en 2010. « Nous gardons toujours un oeil sur la rentabilité et sommes extrêmement prudents. Cela paie », affirme Corneille Karekezi qui, parmi ses concurrents africains, compte notamment Cica-Re (341 millions de dollarsde chiffre d’affaires, noté BB+).
Zéro en Libye
L’Afrique du Nord représentant seulement 17% de son activité, le groupe a été peu affecté par le Printemps arabe. « C’est une zone où les grands réassureurs européens comme Munich Re et Partner Re dominent, en raison de la forte présence des compagnies d’assurances françaises et anglaises qui leur sont liées », explique Corneille Karekezi. En Libye, Africa Re a vu son activité réduite à zéro, mais il n’y réalisait que 6 millions de dollars de primes avant la guerre. « Quant à l’Égypte, nous avions déjà décidé avant la révolution de ne pas croître sur cemarché, car les marges y sont réduites. Par conséquent, nous avons peu souffert, avec une baisse du volume de primes d’environ 5 millions de dollars [sur un total de 38,5 millions de dollars en Égypte, NDLR] après les événements », explique-t-il.
A.M. Best et Standard & Poor’s lui ont décerné la note A-.
L’Afrique subsaharienne concentre l’essentiel de l’activité. « Nos clients sont surtout des assureurs 100 % africains, notamment en Afrique anglophone [67 % de l’activité]. Beaucoup d’entre eux ont un volume d’affaires trop petit pour pouvoir se réassurer auprès des sociétés occidentales. Chez nous, ils savent qu’ils peuvent le faire facilement, et ils nous font d’autant plus confiance que nous bénéficions d’une bonne notation auprès des agences », poursuit Corneille Karekezi.
l'image." class="caption" style="margin: 3px; border: 0px solid #000000; float: right;" width="200" height="177" />Mais tout reste encore à faire pour développer le secteur des assurances en Afrique… et avec lui le chiffre d’affaires d’Africa Re. « Au sud du Sahara, en dehors du Rwanda et de l’Afrique du Sud, le taux de pénétration de l’assurance [rapport primes/PIB] oscille entre 1 % et 2 % [il est de 10 % en France et de 14 % en Afrique du Sud]. Dans la plupart des pays, des lois rendent obligatoires l’assurance des véhicules ou des bâtiments. Mais en vérité, la part de la population qui souscrit des polices reste infime », regrette le directeur général.
Conscient de l’importance de la bancarisation pour son secteur, Corneille Karekezi se félicite de travailler «en bonne intelligence » avec des banques panafricaines comme Ecobank et Afreximbank. « Il nous faut faire progresser la microassurance, notamment pour lesagriculteurs, et proposer des produits plus complexes pour les entreprises et contre les catastrophes naturelles », indique-t-il,soulignant la faible protection des Africains contre ce type de sinistre.
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