Tchad : indignation après l’arrestation du journaliste Stéphane Mbaïrabé Ouaye

Selon Reporters sans frontières (RSF), le directeur de publication du média d’information indépendant Haut Parleur a été interpellé à N’Djamena par la police dans la nuit du 2 au 3 octobre. Relâché en milieu de semaine, il aurait été passé à tabac suite à un article très critique envers le frère du président tchadien Idriss Déby Itno.

Un policier tchadien dans un tribunal à N’Djamena, en 2007. © KAREL PRINSLOO/AP/SIPA

Un policier tchadien dans un tribunal à N’Djamena, en 2007. © KAREL PRINSLOO/AP/SIPA

Publié le 8 octobre 2015 Lecture : 1 minute.

L’interpellation du journaliste et directeur de publication de Haut Parleur, Stéphane Mbaïrabé Ouaye, confirme que la tâche des journalistes reste particulièrement compliquée au Tchad. Cause de son interpellation pour le moins musclée : le journaliste avait écrit un article critique consacré à Salay Deby, directeur général de la douane et frère du président Idriss Déby Itno, rapporte RSF. Un papier accusant ce dernier d’être un « voleur », allégation qui pourrait tomber sous le coup de la loi sur la diffamation.

L’organisation de défense de la liberté de la presse rapporte que Stéphane Mbaïrabé Ouaye a été interpellé par la police judiciaire puis copieusement passé à tabac par des policiers souhaitant obtenir ses sources. « Stéphane Mbaïrabé Ouaye a été victime de pratiques ignobles qui rappellent celles de la direction de la documentation et de la sécurité (DDS) de l’ancien régime de Hissein Habré. Si l’entourage de la présidence considère que le journaliste a tenu des propos diffamatoires, il doit s’en remettre à la justice », s’indigne RSF.

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La justice, « un supplétif du pouvoir »

Une interpellation également dénoncée par la Convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme (CTDDH), qui estime que cette arrestation démontre que « la justice n’est rien d’autre qu’un supplétif du pouvoir dont il est depuis longtemps le bras armé ». Contactée par Jeune Afrique, la CTDDH en profite par ailleurs pour rappeler à Salay Deby ses propres convocations par la justice. Et ajoute dans un communiqué qu’ « être le frère du chef de l’État ne lui donne aucunement le droit d’utiliser la justice dont il ignore les injonctions ».

Stéphane Mbaïrabé Ouay avait déjà été interpellé une première fois en juin après une plainte du frère du président. Relâché sans qu’on lui ait donné plus de détail, le journaliste attend désormais une convocation de la justice pour diffamation.

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