Guinée : la présidentielle « s’annonce serrée », selon l’Afrobaromètre

Alors que le premier tour de l’élection présidentielle guinéenne approche, le réseau Afrobaromètre a scruté lors d’une enquête d’opinion le ressenti des Guinéens à l’approche du scrutin. Interview d’un des auteurs de l’enquête, Djiba Kaba.

Un supporter du chef de file de l’opposition guinéenne à Conakry, dans le quartier de Bambeto, fin septembre. © LEE GOTTEMI POUR J.A.

Un supporter du chef de file de l’opposition guinéenne à Conakry, dans le quartier de Bambeto, fin septembre. © LEE GOTTEMI POUR J.A.

Publié le 8 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

La Guinée vit désormais au rythme de l’élection présidentielle, dont le premier tour aura lieu dimanche 11 octobre. À quelques jours du scrutin, le réseau de sondage Afrobaromètre et son bureau en Guinée, Stat View International, ont scruté les attentes et préoccupations des Guinéens. L’un des auteurs de l’enquête publiée lundi 5 octobre, Djiba Kaba, la décrypte pour Jeune Afrique. Interview.

Jeune Afrique : le sondage illustre un manque de confiance des Guinéens envers la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Comment expliquez-vous cette défiance ?

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Djiba Kaba : Effectivement, les résultats démontrent une certaine défiance des Guinéens envers la Ceni, puisque près d’un tiers des sondés disent ne pas avoir confiance « du tout » envers cette institution.

Ce manque de confiance s’explique par les problèmes rencontrés lors des précédentes élections. Et surtout lors des dernières législatives, pendant lesquelles le décompte des voix avait été remis en question, comme à Matam. Cela avait entraîné des violences, et certains Guinéens gardent en tête que la Ceni n’a pas bien fait son travail.

Votre enquête d’opinion montre d’ailleurs qu’une partie des Guinéens redoute des flambées de violence. Des heurts ont ainsi eu lieu à Koundara le 20 septembre et à N’Zérékoré le week-end dernier….

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Une psychose s’est en effet installée après les dernières élections, car les annonces des résultats électoraux ont souvent été suivies de violence. Les Guinéens ont l’habitude des élections truquées, et sont souvent sortis dans les rues pour dénoncer des résultats en défaveur de leur leader défait.

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Mais en dépit des frustrations qui ont pu par exemple être provoquées par la non candidature de Dadis Camara ou par les importants moyens déployés par Alpha Condé comparé à ses rivaux pour emporter le scrutin, la campagne se passe bien, pour le moment. Cette enquête montre d’ailleurs que les Guinéens sont très attachés à la démocratie et au processus électoral.

À quelques jours de l’élection présidentielle, quelles conclusions tirez-vous de ce sondage ?

Ce sondage confirme les assises régionales des deux candidats principaux et nuance l’importance de la variable ethnique. La popularité d’Alpha Condé est très forte dans ses fiefs, à savoir la Haute-Guinée et la Guinée forestière. Elle est en revanche plus faible dans la localité de Labé, fief de son opposant Cellou Dalein Diallo.

En rouge et orange, les localités où les électeurs pensent que "le pays va dans la bonne direction". © Afrobaromètre

En rouge et orange, les localités où les électeurs pensent que "le pays va dans la bonne direction". © Afrobaromètre

Tout dépend donc de la façon dont les populations issues des régions moins marquées vont réagir. À Mamu par exemple, des mobilisations en faveur d’Alpha Condé ont récemment eu lieu. Reste à savoir comment cela se traduira dans les urnes. Mais l’opinion semble partagée, et l’élection s’annonce donc serrée.

*Sondage réalisé sur un échantillon représentatif de 1 200 personnes.

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