Un premier semestre mitigé pour les banques marocaines
Les principales banques du royaume chérifien affichent de faibles progrès sur les six premiers mois de l’année. En cause : le ralentissement des crédits à l’économie et la forte croissance des dossiers en souffrance. Le point.
Dans un contexte économique difficile, marqué par le ralentissement de secteurs comme l’immobilier, les travaux publics, le tourisme ou encore l’industrie, les principales banques du royaume ont affiché des résultats pour le moins mitigés. À commencer par le leader du secteur Attijariwafa Bank. La banque marocaine qui a habitué le marché à des croissances à deux chiffres a enregistré sur les six premiers mois un produit net bancaire de 9,8 milliards de dirhams (897 millions d’euros), en stagnation par rapport à la même période l’année dernière.
Un essoufflement qui s’explique essentiellement par le ralentissement du rythme de distribution des crédits (-0,8 %), contrebalancé toutefois par la progression des revenus des filiales africaines qui contribuent désormais à hauteur de +26 % au PNB du groupe. Cette panne de croissance au Maroc a ainsi impacté les profits réalisés par le groupe bancaire, qui n’ont finalement progressé que de +2,2 % à fin juin 2015 pour atteindre 2,3 milliards de dirhams.
L’exception BMCE Bank
Si l’activité du leader du marché semble s’essouffler, ses deux concurrents directs ont su tirer leur épingle du jeu, en affichant des croissances, certes faibles, mais plus importantes que celles d’Attijari.
Banque populaire, deuxième groupe bancaire du pays, a ainsi amélioré son produit net bancaire de +3,4 % à 7,7 milliards de dirhams, quand ses bénéfices ont affiché un bond de +9,3 % à 1,2 milliard de dirhams.
Idem pour BMCE Bank, qui continue sur sa lancée de 2014, signant la meilleure performance du marché : un PNB de 5,9 milliards de dirhams (+6 %) et un résultat net part du groupe qui dépasse pour une première le milliard de dirhams (+18 % à 1,1 milliard).
« BMCE Bank est la seule banque du marché qui a su maîtriser son coût du risque, réduit de -24 % par rapport à juin 2014 à 807 millions de dirhams », signale un analyste casablancais. Autres facteurs : le redressement des activités en Europe, devenues bénéficiaires après de longues années de déficit, mais aussi la bonne tenue des filiales africaines, dont les profits ont progressé de +17 % à 297 millions de dirhams, contribuant désormais à 28 % aux bénéfices consolidés du groupe. C’est le cas également de la Banque populaire, qui a profité de sa montée en puissance en Afrique subsaharienne pour contrebalancer le ralentissement de l’activité au Maroc.
Les petites banques à la traîne
Au Maroc, les crédits à l’économie ont peu progressé au premier semestre 2015, au moment où les dépôts croissaient plus de + 7 %. Une situation que les économistes et les banquiers expliquent par les difficultés de certains secteurs vitaux de l’économie, comme le BTP.
Les petites banques, comme la BMCI, ont été particulièrement affectées. La filiale du groupe français BNP Paribas a vu ses bénéfices chuter de -13,9 % à 221 millions de dirhams sur le premier semestre pour un PNB qui stagne autour de 1,6 milliard de dirhams. Même tendance pour le Crédit immobilier et hôtelier (CIH Bank), qui a pu maintenir à flot son PNB (865 millions de dirhams, soit +2%), mais a vu ses bénéfices plonger de -28,8 % pour tomber au dessus du seuil des 200 millions de dirhams.
Mais le cas le plus emblématique reste celui du Crédit du Maroc, filiale marocaine du groupe français Crédit Agricole. Son résultat net part du groupe a fondu comme neige au soleil, en baisse de -54,8 % par rapport à la même période de l’année dernière à 82,5 millions de dirhams. Une forte chute qui s’explique par la montée des risques et des créances en souffrance, et la très faible croissance du PNB qui s’est stabilisé à 1,06 milliard de dirhams.
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