Ghana : corruption, j’instruis ton nom !

La corruption se développe-t-elle dans les arcanes des pouvoirs judiciaires africains ? Est-ce simplement la liberté de presse qui permet de mieux la mettre à jour ? En un mois, 29 hauts magistrats ghanéens viennent d’être suspendus…

L’œil de Glez. © Glez/J.A.

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Publié le 8 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

Une république démocratique et égalitaire ? C’est, en principe, un jeu d’enfant. Si un impertinent tend à lui tordre le cou par quelque pratique corruptrice, il suffit que les forces de l’ordre l’identifient et que la justice lui fasse passer l’envie d’une carrière « courte échelle ». Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si la justice en question n’était pas tentée de lécher les doigts des corrupteurs tartinés de confiture…

Le meilleur des mondes ouest-africains, justement, semblait être le Ghana, ce pays aux multiples alternances démocratiques et à la gouvernance manifestement vertueuse. Hélas, sept fois hélas ! Le 6 octobre dernier, le ministère ghanéen de la Justice annonçait la suspension de sept hauts magistrats de leurs fonctions pour « conduite inappropriée avérée », entendez « faits plus que présumés de corruption ». Cette décision faisait suite à une enquête contre douze magistrats d’instance supérieure, après la mise sur la sellette de vingt-deux juges, le 10 septembre, pour des motifs similaires.

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« L’argent de l’essence » ou « le prix de la cigarette »

C’est le président ghanéen lui-même, John Dramani Mahama, pourtant – ou justement – en visite à l’étranger, qui aurait décidé de prendre le taureau de la corruption par les cornes. Le premier des magistrats qui tacle ses « collègues », ça a le mérite du coup de pied dans la fourmilière, sur un continent où la corruption souffre d’abord de sa banalisation. Qui s’offusque encore de voir l’organisateur d’une conférence de presse tendre, à un journaliste, « l’argent de l’essence » ou « le prix de la cigarette » ? Qui n’est pas prêt à admettre qu’un policier fasse œuvre de sensibilité et de sensibilisation, quand il perçoit, directement dans sa poche, un petit billet de banque, en lieu et place du gros billet que prévoyaient l’infraction avérée et l’amende tracée ? Qui peut nier que, dans des pays où les salaires sont faméliques, le haricot ne se déguste pas sans son « huile »…

Le journaliste Zorro est arrivé, évidemment masqué pour poursuivre sa croisade…

Après tout, sur ce point comme sur d’autres, l’Afrique ne concentre pas tous les magistrats corrompus. En France, la fameuse affaire Festina, l’un des plus gros scandales du dopage, s’achevait, en 2012, par la condamnation, pour « corruption passive », du juge qui l’avait instruite, Patrick Keil. À chacun son dopage. Depuis juillet 2015, en Chine, c’est Xi Xiaoming, ancien vice-président de la Cour populaire suprême, la plus haute instance judiciaire chinoise, qui fait l’objet d’une enquête pour « graves violations de la discipline et des lois ». À y regarder de près, c’est bien de corruption qu’il s’agit, Xiaoming étant accusé d’avoir abusé de son pouvoir pour aider des proches à bénéficier de son réseau afin de favoriser leurs entreprises.

Au-delà de cette partie visible et appréhendée de l’iceberg corrupteur, comment combattre cette hydre à multiples têtes ? En utilisant au mieux cette liberté d’expression qu’il devient difficile d’étouffer, à l’heure du multimédias. Au Ghana, c’est bien la presse qui révéla le comportement douteux des juges. Le journal New Crusading Guide diffusa une vidéo où les imprudents impudents recevaient des pots-de-vin. Le journaliste Zorro est arrivé, évidemment masqué pour poursuivre sa croisade…

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