Congo : #Sassoufit vs #Sassoui, la guerre des hashtags est déclarée
Depuis l’annonce du président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, de son intention de soumettre à référendum un projet de nouvelle Constitution susceptible de lui permettre de briguer un nouveau mandat, le débat fait rage sur Twitter.
Les Congolais ont pris date. Le 25 octobre, alors qu’Abidjan élira son nouveau président, ils décideront s’ils autorisent le leur, Denis Sassou Nguesso à briguer un nouveau mandat. Selon l’annonce qui a été faite le 5 octobre au soir, le projet de Constitution qui sera soumis par référendum au vote des Congolais fait sauter l’actuel verrou de limitation des mandats présidentiels. Il prévoit un mandat de cinq ans (contre sept actuellement), renouvelable deux fois. Aucune limite haute pour l’âge des candidats n’est prévue (elle est de 70 ans actuellement), seul un âge minimum de 30 ans serait instauré.
La question enflamme le débat public. Dans la rue mais aussi sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, pro et anti-référendum, opposants à et partisans d’un nouveau mandat du chef de l’État, s’affrontent. Autour des hashtags #sassoufit, #sassoui ou #lwiri (en référence à #lwili utilisé lors de la contestation au Burkina Faso), ils relayent informations, alimentent le débat et les polémiques.
Si l’opposition a été la première à investir la twittosphère, avec environ 700 utilisations de Sassoufit le jour de la manifestation du 27 septembre à Brazzaville, les chiffres de Topsy, site d’analyse statistique de réseau social, permettent de noter une réaction du camp Sassou quelques jours après l’annonce du référendum.
Si le débat reste pour le moment encore restreint à la communauté d’utilisateurs congolais de Twitter, il bénéficie toutefois des relais de leaders d’opinion très présents sur le réseau social, qui sans pour autant avoir automatiquement choisi un camp, participe à sa popularité. Selon Hastracking (un autre site d’analyse de Twitter), le hashtag #Sassoufit a ainsi été associé à Claudy Siar, fondateur de Tropiques FM et de l’émission Couleurs tropicales sur RFI, l’homme d’affaires Vérone Mankou et le fondateur de Sunu, Cheikh Fall, dont on sait l’influence dans la contestation au président sénégalais sortant Abdoulaye Wade en 2012.
https://twitter.com/verone/status/649695367043416064
Quant au compte le plus actif de la communauté #Sassoufit, il est à mettre à l’actif de l’organisation Angoula, qui milite pour le développement du Congo. Avec 12 000 fans sur Facebook et 857 abonnés sur Twitter (mais déjà 2 644 tweets), js-nav" href="https://twitter.com/30ansSassoufit">@30ansSassoufit ne ménage clairement pas ses efforts. Derrière cette initiative, un homme : Andrea Papus Ngombet, spécialisé dans les réseaux sociaux. Une expérience de poids donc, qu’il a notamment acquis en 2012, alors qu’il était l’un des organisateurs de la campagne numérique de Nicolas Sarkozy, président sortant et candidat de l’UMP à la magistrature suprême en 2012.
En face, dans le camp #Sassoui, deux comptes sont particulièrement actifs : celui de Candice Ekaka et celui de Marc Moukana, d’ailleurs créé récemment, le 30 septembre. Les deux comptes, certes encore peu suivis, se démènent pour défendre le bilan de Denis Sassou Nguesso dans l’éducation ou la santé. En revanche, le compte Twitter officiel de Denis Sassou Nguesso n’avait, vendredi 9 octobre, pas repris le hashtag #Sassoui. Avec ses 4 000 abonnés, il pourrait toutefois être un renfort de poids.
#SassOui pic.twitter.com/4mU9J4p3Kn
— ekaka candice (@EkakaCandice) October 9, 2015
le #travail ne peut pas s'arrêter, l'eau c'est la vie #sassoui https://t.co/5O5mnqgzQC
— marc moukana (@marcmoukana) October 5, 2015
S’il mérite d’être signalé et observé, il faut cependant relativiser, pour le moment, la puissance du débat sur les réseaux sociaux. Au Burkina, lors de la dernière « révolution 2.0 » d’Afrique subsaharienne, qui n’en était pas vraiment une, comme nous l’expliquions à l’époque, le hashtag #lwili avait ainsi été utilisé plus de 25 000 fois dans la seule journée du 30 octobre 2014, jour de la chute de Blaise Compaoré. Soit 35 fois plus que #Sassoufit le 27 septembre dernier. Les activistes congolais ont encore du travail.
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