Le prix Nobel de la paix : une consécration pour la société civile tunisienne
Le prix Nobel de la Paix a été décerné vendredi à un important acteur de la transition démocratique en Tunisie : le Quartet du dialogue national, composé de quatre organisations. Une nomination inattendue, qui sonne comme un message d’espoir.
Le prix Nobel remis au Quartet du dialogue national, vendredi 9 octobre, est « la consécration de tout un processus en vue de la transition démocratique, de toute la société civile tunisienne. Cela permet de dire encore une fois que tous les différends politiques peuvent être réglés par le compromis », affirme, Mohamed Fadhel Mahfoudh, bâtonnier de Tunis et porte-parole du Quartet.
Durant l’été 2013, en effet, la Tunisie est à l’arrêt. C’est le choc après le second assassinat politique de l’année, celui de Mohamed Brahmi (le 26 juillet) après celui de Chokri Belaïd (le 6 février). Crise politique et institutionnelle, une soixantaine de députés se retirent de l’Assemblée nationale et occupent la place du Bardo. Quatre grandes organisations : l’UGTT (l’Union générale des travailleurs tunisiens), l’Utica (organisation patronale), l’ONAT (organisation nationale des avocats tunisiens) et la LTDH (Ligue tunisienne des droits de l’homme) proposent de mettre en place un dialogue national en vue d’établir une feuille de route de sortie de crise. Des mois de négociations rassemblant la plupart des partis permettent d’aboutir, non sans mal, à la signature, dans le nuit du 26 au 27 janvier, de la nouvelle Constitution et à un accord sur un nouveau gouvernement de technocrates.
Longue tradition de lutte pour les droits de l’homme
Les avocats tunisiens, qui possèdent une longue tradition de lutte pour les droits de l’Homme, ont été durant tout le processus partie prenante au dialogue national. Ce fut également le cas de la Ligue des droits de l’homme, dont le trésorier, Riadh Gharbi, perçoit le prix Nobel comme un « encouragement » pour tous les efforts engagés par la Tunisie au regard des récents événements terroristes qui ont ébranlé le pays.
« Nous avons travaillé pour le pays et nous restons des militants avant tout. Le dialogue national s’est arrêté, mais la structure est toujours-là. En 2013, c’était une première pour la Tunisie, mais l’organisation a démontré sa crédibilité », ajoute-t-il. Pour le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Mouldi Jendoubi, « le Quartet a sorti la Tunisie de l’impasse et recevoir le prix Nobel encourage tous les Tunisiens à aller de l’avant. En même temps, cette nomination nous sensibilise aussi contre le terrorisme, dont nous devons nous débarrasser », explique-t-il.
Les Tunisiens laissent s’exprimer leur fierté en espérant que le prix Nobel puisse redonner à la Tunisie l’image d’un pays paisible
Sur les réseaux sociaux et dans les médias nationaux, les Tunisiens laissent s’exprimer leur fierté en espérant que le prix Nobel puisse redonner à la Tunisie l’image d’un pays paisible. Karima Souid, ancienne député d’Ettakatol a quant à elle voulu rendre un hommage particulier au député assassiné Mohamed Brahmi, « sans qui cette transition n’aurait pas pu se faire. C’est ce qui a poussé certains acteurs à agir, en mettant de côté leur égo ». Une raison de plus pour « respecter la Constitution qui a été écrite dans le sang et qui est aujourd’hui bafouée », ajoute-t-elle.
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