« TenTen » en Algérie : 9e gay pride sur le web pour faire évoluer la perception de l’homosexualité

En solidarité avec la communauté LGBT, les Algériens sont invités le 10 octobre au soir à allumer une bougie et à en publier la photo sur les réseaux sociaux. Pas question de manifester dans les rues : en Algérie, l’homosexualité reste sévèrement punie.

Le drapeau multicolore gay. © Lee Jin-man/AP/SIPA

Le drapeau multicolore gay. © Lee Jin-man/AP/SIPA

Publié le 9 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

Pour la neuvième année consécutive, l’organisation Alouen, consacrée à la défense des droits LGBT – lesbiennes, gays, bisexuels et trans – appelle les Algériens à manifester leur solidarité envers cette communauté le 10 octobre au soir. Le principe du « TenTen », nom lié au 10 octobre, date de cette discrète gay pride algérienne,  est simple : allumer une bougie et en partager la photo sur les réseaux sociaux en signe de soutien.

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Objectif : faire évoluer le regard de la société algérienne sur l’homosexualité, mais aussi celui du système judiciaire. Car en Algérie, les articles 333 et 338 du code pénal rendent passible « tout coupable d’un acte d’homosexualité » et « toute personne qui a commis un outrage public à la pudeur » d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement. Code pénal oblige, c’est donc sous couvert de l’anonymat que le responsable de la communication d’Alouen a expliqué à Jeune Afrique la démarche d’une telle journée, mais aussi le quotidien des homosexuels en Algérie. Interview.

Jeune Afrique : Qu’espérez-vous de cette 9e TenTen ?

Alouen : Nous voulons donner de la visibilité à la communauté LGBT, pour qu’elle ne se sente plus aussi seule. Le principe est simple : tous les 10 octobre au soir, les Algériens sont invités à allumer une bougie et publier cette photo sur les réseaux sociaux pour que la communauté voit cette solidarité.

D’années en années, il y a de plus en plus de photos de bougies partagées. Il s’agit certes d’un acte symbolique, mais l’objectif est dans un premier temps de mobiliser la communauté LGBT, car le militantisme est encore quasi inexistant. À plus long terme, nous espérons bien sûr que cela puisse permettre l’abrogation des articles 333 et 338 du code pénal, qui sont vécus comme des épées de Damoclès.

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Quel est le quotidien d’un homosexuel en Algérie ?

Ce n’est pas une surprise : le contexte judiciaire, social et religieux sont franchement hostiles. La perception évolue, mais vraiment à la marge. Dans les grandes villes comme Alger ou Oran, les choses sont plus faciles que dans l’Algérie rurale, où tout « coming-out » est inconcevable.

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La communauté LGBT n’est elle-même pas à l’aise avec l’homosexualité. Dans la majorité des cas, elle la réduit à l’acte sexuel, et ne l’envisage pas comme une situation durable. La plupart des homosexuels se marieront pour se conformer à la norme et éviter les rumeurs. Car même en cas de soupçons, il est très difficile d’éviter le rejet de la société ou encore du monde du travail.

L’immense majorité reste donc cachée, et est obligée de mener une double-vie, y compris sur les réseaux sociaux : un compte Facebook officiel et un autre, anonyme. Ces précautions sont nécessaires pour éviter la prison. Alouen n’est d’ailleurs pas une association déposée.

La mobilisation en Tunisie, notamment médiatisée par l’action de l’association Shams, vous donne-t-elle l’espoir de voir un jour les mentalités et les lois évoluer au Maghreb  ?

Cela nous inspire et nous encourage. Mais les contextes sont très différents dans ces deux pays. La Tunisie est un pays plus ouvert sur ces questions depuis la révolution de 2011. Les Tunisiens et l’association Shams osent. En Algérie, nous en sommes encore loin.alg

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