Tunisie : avec Moez Ben Gharbia, ça balance à Tunis

Un animateur vedette de la télévision menace de faire des révélations sur des crimes politiques non élucidés. Vraies infos ou crise de parano ?

Moez Ben Gharbia dans la vidéo qu’il a posté le 4 octobre sur Dailymotion. © Capture d’écran / Dailymotion

Moez Ben Gharbia dans la vidéo qu’il a posté le 4 octobre sur Dailymotion. © Capture d’écran / Dailymotion

Publié le 9 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

« Qui a tué les opposants Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ? » Depuis 2013, les Tunisiens se posent encore de nombreuses questions, dans un climat de suspicion généralisée. Et les journalistes qui osent évoquer ces « secrets d’État » font le buzz. C’est le cas de Moez Ben Gharbia. Dans une vidéo de vingt-neuf minutes mise en ligne le 4 octobre depuis Genève (voir ci-dessous), cet ancien animateur vedette de la télévision se dit en danger et menace, si le contrat qui pèse sur sa tête n’est pas levé, de révéler les dessous des attentats du Bardo et d’El Kantaoui, des assassinats de Belaïd et de Brahmi, et de plusieurs disparitions suspectes, comme celles de l’avocat Faouzi Ben Mrad ou de l’homme d’affaires Tarek El Mekki. Sans avancer la moindre preuve, il affirme que certains juges sont de mèche avec des mafias et que le gouvernement ferme les yeux.

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Originaire de Bizerte (Nord), ce journaliste de 43 ans a acquis une grande notoriété après la chute de Ben Ali en s’attaquant en direct à des sujets brûlants. Sur l’un de ses plateaux, le général Rachid Ammar, chef interarmées et acteur clé de la révolution, s’était épanché pendant trois heures pour annoncer son départ. Un record d’audience, qui avait permis à Ben Gharbia de s’associer à des hommes d’affaires pour créer la chaîne Attassiaa en 2015.

Mais il trébuche. Son ton trop familier lors de la première interview accordée par Béji Caïd Essebsi (BCE) en tant que président déplaît. Dans des conditions peu claires, il pousse ensuite l’imitateur Migalo à se faire passer pour BCE auprès de proches de l’ancien régime qui auraient subi des tentatives de racket, ce qui leur vaut d’être arrêtés. Sa crédibilité professionnelle est atteinte, le doute s’installe. Une chose est sûre cependant : il est menacé par des extrémistes d’Ansar al-Charia et, après avoir affirmé qu’un homme armé le suit, obtient une protection rapprochée en 2014. Un an plus tard, ce scénario se reproduit. Cette fois, le journaliste, le visage émacié, semble terrorisé. Crise de paranoïa ou menace réelle ? Quoi qu’il en soit, ses dernières déclarations ont mis en émoi tout un pays, à l’évidence moralement fragilisé et en quête de vérité.

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