Nadir Abderrahim, l’export dans le sang
Hors pétrole et gaz, quel groupe algérien a le plus exporté en 2011 ? Réponse : les Industries médico-chirurgicales (IMC). Cette année, son directeur – et fils du fondateur – compte mettre l’accent sur le Maroc, la Tunisie et le Sénégal.
En témoigne la volonté de son directeur général, Nadir Abderrahim, d’étendre ses exportations de dispositifs médicaux pour traiter l’insuffisance rénale (sets de transfusion, de perfusion, seringues, cathéters…), destinés aux cliniques d’hémodialyse et aux centrales d’achat du continent. Les exportations ont représenté 10 millions d’euros l’an dernier – soit 10 % du chiffre d’affaires, une proportion qui a doublé par rapport à 2010. « Le but est d’atteindre 20 % dans les cinq ans », précise Nadir Abderrahim, qui a repris en 2010 les rênes de l’entreprise familiale fondée par son père, Kamel, toujours très impliqué, en tant que PDG, dans les choix stratégiques.
Passionné d’informatique
À 40 ans, Nadir Abderrahim connaît bien la maison. Il a intégré IMC en 2001, un an après l’obtention d’un DESS de gestion à l’École des hautes études commerciales (HEC) de Montréal (Canada). Ce passionné de moto et d’informatique – il a réalisé l’informatisation de l’entreprise familiale – a été responsable tour à tour des ressources humaines puis de la structure achats et logistique, avant de devenir gérant de la société en 2005, et enfin directeur général cinq ans plus tard.
En Afrique de l’Ouest, IMC détient en moyenne 40 % de part de marché, voire plus de 90 % en Mauritanie et au Mali.
Avant son arrivée, la société créée en 1989 a su diversifier ses activités, jusqu’à devenir un groupe employant 1 200 salariés. Dans un premier temps concentrée sur la production puis l’exportation – d’abord en Russie puis en Irak – de produits et d’équipements d’hémodialyse (épuration du sang grâce à un rein artificiel), elle a ouvert en 2003 une unité de production d’injectables, Biolyse, ainsi qu’un réseau de cliniques de dialyse au sein de sa filiale Renadial. « Aujourd’hui, 80 % de notre chiffre d’affaires provient de l’hémodialyse », précise Nadir Abderrahim.
Les bons résultats de l’an passé, qui lui ont valu son trophée, sont à mettre sur le compte de nouveaux contrats remportés en Côte d’Ivoire, à Djibouti et en Tunisie – le groupe exportait déjà en Libye, au Maroc, en Mauritanie, au Mali, au Niger, au Sénégal et à Madagascar. En Afrique de l’Ouest, IMC détient en moyenne 40 % de part de marché, voire plus de 90 % en Mauritanie et au Mali. Une réussite hors des frontières algériennes qui s’explique notamment par l’obtention du marquage CE (« conformité européenne ») pour la majorité des produits de l’entreprise et par une offre « nettement moins chère que celle des multinationales concurrentes », explique le directeur général.
Lourdeurs et complexités
Dans un pays où seulement 3 % du volume des exportations ne sont pas liés aux hydrocarbures, la réussite d’IMC détonne. Complexité des procédures douanières, manque de logistique et d’infrastructures portuaires, insuffisance des mécanismes d’aide à l’exportation, freins bancaires… Le pari de l’export n’était pas gagné. Surtout que, pour la fabrication des produits à base de plastique (poches de perfusion, flacons…), l’essentiel des matières premières est importé d’Arabie saoudite et du Qatar. Un comble pour un pays producteur de pétrole. « Il y a eu des projets d’usine de fabrication de granulés pour matières plastiques, mais ils n’ont pas abouti à cause des lourdeurs du système », regrette Nadir Abderrahim. Qu’importe. En 2012, le directeur d’IMC compte mettre l’accent sur les exportations au Maroc, au Sénégal et en Tunisie. Le Soudan et le Cameroun seraient également dans son collimateur.
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