Guinée : le marché de Madina à Conakry dévasté à la veille de la présidentielle
Les affrontements entre militants de l’opposition pro-Cellou Dalein Diallo et ceux du pouvoir d’Alpha Condé se sont concentrés jeudi et vendredi à Conakry dans le marché de Madina. Reportage.
Le samedi 10 octobre, veille du scrutin présidentiel, un calme précaire règnait à Conakry. L’heure est au bilan des deux journées d’affrontements qui ont opposé jeudi et vendredi militants de la mouvance présidentielle à ceux de l’opposition, suite au retour d’une tournée de campagne de trois semaines à l’intérieur du pays de Cellou Dalein Diallo de l’Union des forces démocratiques de Guinée, UFDG. Tout comme le bilan humain, celui économique a été aussi désastreux. Pour l’instant, il est impossible de l’évaluer, selon Chérif Abdallah, président du Groupe organisé des hommes d’affaires (GOHA).
Le grand marché de Madina, poumon économique du pays, ressemble à un champ de bataille. Les boutiques pillées et ou vandalisées ne se comptent pas. Sur les visages, la consternation est palpable. Sur la passerelle qui donne au centre de négoce se dresse un cordon sécuritaire que les sinistrés n’hésitent pas à contourner pour aller, les uns constater les dégâts, les autres s’assurer de l’état intact de leurs boutiques ou magasins. Mais à la fin, la tristesse est générale car si on n’a rien perdu, on compatit au sort d’un voisin. Sous le choc, rares sont les victimes qui parviennent à témoigner. « Il ne reste plus rien. C’est hier, en pleine journée, qu’ils sont venus vandaliser ma boutique et celles de mes voisins », déclare un libraire trouvé sur les ruines de sa boutique, avec les restes de livres qui jonchent le sol.
Accusations de complicité
Deux postes de gendarmerie ceinturent le marché de Madina. Nombreux sont ceux qui les accusent de pactiser avec les vandales. Un adulte de s’interroger sur l’importance de la présence des services de sécurité : « On a besoin d’eux avant et non après les dégâts ». À côté, la tension est montée d’un cran entre un groupe de jeunes et des gendarmes qui finiront par se replier autour de l’agence d’une banque privée.
Thiernon Boubacar, vendeur de téléphones portables, a tout perdu. Les portes de sa boutique, comme beaucoup d’autres de ses voisins, ont été défoncées et la marchandise emportée. Certains de ses amis venus compatir à sa douleur fouillent dans le détritus, dans l’espoir de retrouver quelque bien. « Tu es vraiment chanceux », s’exclame l’un d’entre eux à l’adresse d’un autre qui a réussi à trouver un téléphone. Un autre retrouve un chargeur. Ce qui est maigre pour une boutique qui était remplie.
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