Congo-Brazzaville : le pouvoir mobilise en masse pour Sassou Nguesso

Le pouvoir congolais a mobilisé massivement samedi après-midi à Brazzaville les partisans du président Denis Sassou Nguesso pour dire « oui » au projet de nouvelle Constitution qui permettrait au chef de l’État de briguer un troisième mandat en 2016.

Denis Sassou-Nguesso © Vincent Fournier pour J.A.

Denis Sassou-Nguesso © Vincent Fournier pour J.A.

Publié le 10 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le lieu choisi pour ce meeting annoncé d’avance comme « grandiose » était symbolique : c’est là que l’opposition avait réussi le 27 septembre son plus grand rassemblement depuis 1997 pour dire « Non au coup d’État constitutionnel » et « Non au référendum » sur cette nouvelle loi fondamentale, un référendum convoqué depuis lors pour le 25 octobre.

Vers 17h00 (16h00 GMT), selon des journalistes de l’AFP, la foule rassemblée sur le boulevard des Armées, dans le centre de la capitale congolaise, apparaissait environ deux fois supérieure en nombre à celle observée le 27 septembre et estimée alors à quelques dizaines de milliers de personnes.

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Le rassemblement avait commencé vers 15h00 (14h00 GMT), peu après que la pluie, qui tombait depuis plusieurs heures, se fut arrêtée, et a commencé à se disperser dans le calme vers 17h30 (16h30 GMT). Des bus affrétés par les organisateurs ont continué à décharger des manifestants pendant plus d’une heure après la prise de parole du premier orateur.

La campagne en vue du référendum du 25 octobre s’est ouverte vendredi.

Parmi la foule compacte rassemblée sur plusieurs centaines de mètres devant un podium où défilaient des orateurs, nombre de manifestants portaient des tee-shirts « Allons aux urnes » , « Oui au changement de constitution ».

Au-dessus des têtes flottaient des banderoles « Oui au référendum », « Oui pour une nouvelle République », ou encore « Sassoui », réponse directe au « Sassoufit ! » des manifestants du 27 septembre.

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« Urnes remplies »

Âgé de 72 ans, M. Sassou a dirigé le Congo à l’époque du parti unique, de 1979 jusqu’aux élections pluralistes de 1992, qu’il a perdues. Revenu au pouvoir en 1997 à l’issue d’une violente guerre civile, il a été élu président en 2002 et réélu en 2009.

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La Constitution actuelle lui interdit à double titre de se présenter à la présidentielle devant avoir lieu mi-2016 car elle limite à deux le nombre de mandats que peut exercer un chef de l?État, et à 70 ans l’âge maximal pour être candidat à la magistrature suprême.

« Notre vote sera oui le 25 octobre », a déclaré devant la foule de la place des Armées, Pierre Mabiala, ministre des Affaires foncières et membre du Parti congolais du Travail (PCT) de M. Sassou, « toutes les urnes à travers tout le pays seront remplies de bulletins ‘oui’ et le bulletin ‘non’ sera rejeté. »

Selon un journaliste de l’AFP, des associations de quartiers proches du pouvoir avaient mobilisé la population dans la matinée en vue de la manifestation, en distribuant au besoin des « motivations » : 2.000 ou 5.000 francs congolais (environ 3 et 7,5 euros).

Ancienne puissance coloniale du Congo, la France n’a pas encore réagi explicitement à la convocation du référendum par M. Sassou, annoncée le 5 octobre. Mardi, le Quai d’Orsay a appelé « de ses v?ux un processus électoral crédible conduisant à des scrutins libres et transparents, dans le respect de l’État de droit et des libertés publiques » au Congo.

Mardi également, les États-Unis ont noté « avec inquiétude la décision [prise par M. Sassou] d’organiser un référendum »,

« Les dirigeants qui modifient la constitution de leur pays à des fins personnelles ou politiques ne contribuent pas à servir la cause de la démocratie », a déclaré le Département d?État.

Washington met en garde depuis des mois les dirigeants de la région arrivant en fin de mandat et frappés par une interdiction constitutionnelle de se représenter (comme Joseph Kabila au Congo Kinshasa en 2016, ou Paul Kagame au Rwanda en 2017) contre la tentation d’y passer outre.

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