RDC : qui pour succéder à l’abbé Malumalu, président démissionnaire de la Ceni ?

Après la démission le 10 octobre de l’abbé Apollinaire Malumalu, président de la Ceni, la balle est de nouveau dans le camp de la société civile, habilitée à proposer un autre candidat à ce poste qui lui revient. Mais le processus de désignation s’annonce délicat…

Abbé Apollinaire Malumalu, président de la Ceni en RDC, a démissionné de ses fonctions le 10 octobre 2015. © Gwenn Dubourthoumieu/J.A.

Abbé Apollinaire Malumalu, président de la Ceni en RDC, a démissionné de ses fonctions le 10 octobre 2015. © Gwenn Dubourthoumieu/J.A.

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Publié le 12 octobre 2015 Lecture : 3 minutes.

Malade – suivant des soins médicaux entre l’Afrique du Sud et les États-Unis – et de moins en moins présent dans son bureau, Boulevard du 30 juin, à Kinshasa, l’abbé Apollinaire Malumalu, président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), a fini par rendre son tablier le 10 octobre. Une démission qui ouvre un peu plus la boîte de Pandore du processus électoral déjà mal engagé en RDC.

Que va-t-il se passer ? Dans un communiqué officiel rendu publique dans la foulée, Joseph Kabila, président de la République, a rapidement « pris acte » de la démission du numéro un de la Ceni et a demandé à la société civile, dont était « issu » l’ecclésiastique, de se réunir « pour désigner son remplaçant ».

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Conformément à la loi portant organisation et fonctionnement de la Ceni en effet, les six membres de son bureau doivent provenir de différentes composantes de la classe politique et des forces vives congolaises. Suivant cette logique, le texte a réservé à la société civile, entre autres, la présidence de l’institution, la vice-présidence étant confiée à la majorité au pouvoir, et le poste de rapporteur principal à l’opposition politique.

Vers une « restructuration de la Ceni » ?

Si du côté de la Majorité présidentielle (MP, coalition au pouvoir), la société civile doit se concerter pour présenter rapidement un « remplaçant », certains partis d’opposition ne font pas la même lecture de la situation et voient dans cette démission de l’abbé Malumalu l’occasion d’exiger la restructuration pure et simple de la Ceni.

Dans sa feuille de route publiée à la mi-février, l’opposant historique Étienne Tshisekedi, président de l’Union démocratique pour le progrès social (UDPS), préconisait déjà la mise en place d’une « Ceni dont les membres [seront] constitués de manière paritaire, à savoir 12 membres dont 6 [seront] désignés par le système Kabila et 6 autres désignés par la camp du changement [entendez, une opposition politique regroupée autour du leader de l’UDPS] », soulignant que tous ces membres de la nouvelle Ceni « devront être choisis uniquement au sein de la société civile ».

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Une proposition qui tient compte des « expériences passées (…) où les membres de la Ceni ont été instrumentalisés par Joseph Kabila », soutient l’UDPS. D’autant que depuis l’indisponibilité de l’abbé Malumalu, c’est André Mpungwe, le vice-président de la Ceni et cadre du Parti du peuple pour la reconstruction et le démocratie (PPRD, principale formation politique de la majorité au pouvoir) , qui gère au quotidien le bureau de la commission électorale en RDC.

Panne du processus électoral

Il faut être fous pour participer à des élections sans procéder à l’enrôlement des électeurs.

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Ce qui fait dire à Martin Fayulu que « la Ceni a perdu toute sa neutralité ». Principal détracteur de l’abbé Apollinaire Malumalu qui l’accusait d’être à la solde du pouvoir, le leader de l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé) et coordonnateur des Forces acquises au changement (FAC, l’une de principales plateformes de l’opposition congolaise), appelle pour sa part l’église catholique à désigner un nouveau président de la Ceni. Qu’il souhaite « crédible », « compétent », et « ayant une personnalité affermie ».

Mais le départ de l’abbé Malumalu, qui a démissionné pour des « raisons de santé », ne constitue que l’un de trois préalables posés par les FAC de Martin Fayulu et des autres partis d’opposition pour participer au processus électoral en cours. Ces derniers exigeaient également « la mise en place d’un calendrier électoral consensuel et l’enrôlement de tous les électeurs ».

« Il faut être fou pour participer à des élections sans procéder à l’enrôlement des électeurs, lorsque tout le monde sait que le fichier électoral est corrompu », a confié à Jeune Afrique Martin Fayulu, soulignant également que « le calendrier électoral a été intentionnellement surchargé sur le plan opérationnel et financier ».

Des questions qui doivent trouver leurs solutions au cours du dialogue que préconise le président Joseph Kabila, assure-t-on dans l’entourage du chef de l’État. Mais une bonne frange de l’opposition boude cet énième forum, privilégiant une rencontre tripartite entre les représentants de la majorité, ceux de l’opposition et les délégués de la Ceni. En attendant, c’est tout le processus électoral qui est en panne. Faisant craindre le « glissement » du calendrier électoral au-delà de 2016.

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