Noureddine Adam, le seigneur de guerre de l’ex-Séléka, est de retour en Centrafrique

L’ex-numéro deux de la Séléka et ancien ministre de la Sécurité de Michel Djotodia a regagné la Centrafrique après un peu moins d’un an passé à l’étranger.

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Publié le 14 octobre 2015 Lecture : 3 minutes.

Dans les milieux sécuritaires, l’information n’est pas passée inaperçue. Noureddine Adam et son look de seigneur de guerre sont de retour en Centrafrique. L’ex-numéro deux de la Séléka a regagné Kaga Bandoro (245 km au nord de Bangui) il y a un peu moins d’une semaine. Près d’un an qu’il avait quitté la RCA. Nous étions en novembre 2014 et des négociations étaient sur le point de s’ouvrir à Nairobi. Dénoncés par la communauté internationale, ces pourparlers ont échoué. Après plusieurs mois passés dans la capitale kényane, Adam a donc repris ses pérégrinations. Principalement au Tchad – il possède une demeure familiale près de N’Djamena- et au Soudan, où il s’est rendu ses derniers mois pour assister à l’enterrement de son père.

Si l’officier trilingue (il parle arabe, français, et rounga) d’une quarantaine d’années, formé à l’académie de police du Caire, a décidé de rentrer, ce n’est pas pour rien. Ainsi, son retour a coïncidé avec les affrontements les 10 et 11 octobre près de Sibut entre environ 150 miliciens du FPRC, la faction qui lui est fidèle, et les forces internationales (Minusca burundaise appuyée par Sangaris). Quatre accrochages successifs lors desquels une colonne Séléka, souvent à pieds, aura subi des pertes significatives – au moins 20 morts et une dizaine de prisonniers. Surtout, le témoignage de plusieurs sources semblent indiquer que le général et trafiquant de diamants Oumar Younous aurait péri pendant les combats.

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« Une grosse perte »

Sanctionné par l’ONU depuis août, cet ancien chauffeur dans une entreprise de diamants était l’un des barons des ex-rebelles, le plus actif militairement. Ses allers-retour au Tchad et au Soudan étaient suivis de près par les services de renseignement français. « Une grosse perte », dit un expert sécuritaire. Sonnés par la violence de la riposte de l’armée française et malgré l’échec de leur descente sur Bangui, les cadres du FRPC assurent qu’ils recommenceront. Ils déclarent pouvoir bénéficier du soutien du millier de combattants ex-Séléka cantonnés dans la capitale centrafricaine, mais pas désarmés, et de la grosse centaine de miliciens armés retranchés dans le quartier PK5. Miliciens dont le principal leader, Aroun Gaye, est un membre des FPRC.

Noureddine Adam sait pertinemment qu’il ne peut y arriver seul et que son unique chance repose sur la réunification de l’ancienne coalition Séléka

Cependant, Adam, qui fut ministre de la Sécurité de Michel Djotodia, sait pertinemment qu’il ne peut y arriver seul et que son unique chance repose sur la réunification de l’ancienne coalition Séléka. Il tente donc de rallier les deux autres principales factions, l’UPC (Union pour la paix en Centrafrique) du général peul Ali Darassa et le MPC (Mouvement patriotique pour la Centrafrique) de son « homologue » Mahamat Alkhatim. Si un retour d’Alkhatim dans le giron de Noureddine Adam semble aujourd’hui à exclure, l’intégration de l’UPC dans une chaîne de commandement unique est à l’étude. « Les cadres des deux mouvements vont se réunir demain (jeudi 15 octobre) à Kaga Bandoro sur invitation de Noureddine », explique un membre de l’UPC.

Retarder les élections

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« La réunification de la Séléka ? Ce n’est pas pour tout de suite, pense une source sécuritaire française. Mais on la redoute. Alkhatim et Darassa sont des guerriers, leurs hommes sont structurés et aguerris. » Un diplomate onusien tempère : « Noureddine Adam cherche à rassembler des forces mais tout accord dépendra du bon vouloir des chefs sur le terrain. Il veut des signatures sur un bout de papier pour être en mesure de négocier par la suite. Il ne faudra pas commettre l’erreur de le traiter en tant qu’ancien ministre. C’est un chef de guerre, un point c’est tout. »

Reste que cette agitation s’inscrit dans la volonté de certains acteurs (principalement ceux qui, chez les Séléka et les anti-balaka, ont pris part aux négociations de Nairobi) de déstabiliser la transition. « Personne n’a les moyens de faire tomber la présidente Catherine Samba-Panza. En revanche, ils peuvent plus facilement retarder les élections [prévue avant la fin de l’année, NDLR] », conclut un diplomate africain en poste à Bangui.

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