Au Cap, les miniers font le dos rond en attendant la reprise
La 21e édition de Mining Indaba, rendez-vous incontournable de l’industrie minière en Afrique, se termine ce 12 février en Afrique du Sud. Si la mauvaise conjoncture minière a plombé le moral des nombreux profesionnels ayant fait le déplacement, pour certains d’entre eux, elle est porteuse d’opportunités.
L’ambiance était plutôt morose lors de cette 21e édition de la conférence Mining Indaba, entamée le 9 février et qui se termine ce 12 février 2015. Sur pratiquement toutes les lèvres des quelques professionnels miniers venus au Cap, la même interrogation : « Les cours ont-ils touché le fond ? »
Partout, l’heure est à la baisse drastique des coûts pour tenter de préserver les marges des entreprises du secteur. À tel point que même certaines « majors » du secteur comme AngloGold, Glencore et Vale, dont les dirigeants étaient pourtant présents à Mining Indaba, ont fait, contrairement aux autres années, l’économie d’un stand lors de cette manifestation phare du secteur.
Sur presque toutes les lèvres , la même question : « Les cours ont-ils touché le fond ? »
À la tribune, chaque orateur a mis surtout en avant ses talents de « cost-killer ». « Entre 2013 et 2014, nous avons diminué de 40 % nos investissements, et baissé de 60 % nos budgets d’exploration », s’est ainsi félicité Srinivasan Venkatakrishnan, le PDG du sud-africain AngloGold, le troisième producteur d’or au monde et dernier géant minier à avoir son siège à Johannesburg.
Dans le fer, le moral de certains est au plus bas. « Avec un cours à moins de 50 dollars la tonne, soit 50 % de moins qu’il y a un an, les partenaires financiers que nous avions trouvé sont devenus frileux et nous demandent d’attendre », regrette l’australien Giulio Caselo, le patron de Sundance, qui développe le projet de Mbalam-Nabeba, deux gisements de fer de part et d’autre de la frontière entre le Cameroun et le Congo-Brazzaville. Initialement prévu mi-2015, le début des travaux de la voie ferrée minière du projet, d’un coût de 3,5 milliards de dollars, sera reporté après 2016.
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Mêmes difficultés chez Rio Tinto, le pilote du mégaprojet du Simandou en Guinée, qui nécessite au total 20 milliards de dollars d’investissement, dont 12 milliards pour la seule réalisation des infrastructures. « Dans l’état actuel des cours, nous ne voyons pas comment ils réussiront à trouver des partenaires financiers », observe le représentant d’une compagnie de BTP consultée pour la construction de la voie ferrée minière guinéenne.
Reste que cette conjoncture difficile est vue par certains comme porteuse d’opportunité. Dans l’or, des compagnies comme Randgold dirigée par le Sud-Africain Mark Bristow et Nordgold du russe Nikolaï Zelenski, qui se sont montrées raisonnables dans leur gestion des coûts, sont à l’affût d’acquisitions de groupes moins bien lotis qu’eux en Afrique de l’Ouest francophone, où ils sont tous deux déjà présents.
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Imposante délégation indienne
D’autres acteurs sont aussi en embuscade, en particulier les groupes indiens, très bien représentés cette année à Mining Indaba. « Nos groupes publics et privés cherchent des actifs et partenaires dans les filières du charbon, du manganèse, du zinc, du cuivre, de l’uranium, des phosphates et de l’or », égrenne Naresh Kumar, secrétaire général du ministère des Mines, présent à Mining Indaba en compagnie de son ministre Narendra Singh Tomar et d’une imposante délégation venue de New Delhi.
« Les représentants de National aluminium company (NALCO – producteur de bauxite et d’aluminium), Hindustan Copper Limited (cuivre), National Mineral Development Corporation (NMDC), mais aussi Rashtriya Ispat (acier), Tata Steel (acier), et Gujrat Minerals sont venus au Cap pour y trouver des opportunités africaines », précise-t-il.
Représentants
Pour attirer ces nouveaux investisseurs, la plupart des pays riches en minerais du continent ont, comme à leur habitude, envoyé leurs ministres des Mines à Mining Indaba.
Côté francophone, les sessions de présentation des ministres Kerfalla Yansané de la Guinée et de Martin Kabwelulu de la RD Congo, ont été particulièrement suivies. Le premier a voulu assurer les investisseurs de la décrue de l’épidémie d’Ebola dans son pays, indiquant « qu’aucun employé d’un groupe minier ni des habitants des villages environnant les projets n’a[vait] été infecté par la maladie ».
Martin Kabwelulu a lui aussi voulu calmer les inquiétudes des industriels qui craignent que le nouveau code minier congolais, en préparation, n’entraîne une hausse des taxes et des obligations de transformation locale.
Cette édition égalmeent a vu un regain d’intérêt pour le sous-sol de Madagascar, représentée par son ministre des Mines Joeli Valérien Lalaharisaina. La fin de la crise politique sur la Grande-Île est vue par certain comme la possibilité d’un redémarrage du secteur minier non artisanal, notamment dans le fer et les pierres précieuses.
Enfin le 21ème Mining Indaba a reçu la visite le mardi 10 février de l’ancien Premier ministre travailliste britannique Tony Blair, venu prêcher la « bonne parole » aux groupes miniers. L’ancien député de la circonscription de Sedgefield, dans la région minière du nord de l’Angleterre, a enjoint les entreprises du secteur à renforcer leurs partenariats avec les États et les communautés locales, notamment dans les pays où les consultants de sa fondation travaillent, en Guinée, au Liberia et la Sierra-Leone.
Par Christophe Le Bec, envoyé spécial au Cap
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