Milliards du pétrole : l’entreprise publique nigériane NNPC s’estime blanchie
Un audit du cabinet international PriceWaterhouseCoopers estime que Nigeria National Petroleum Corporation, la compagnie publique chargée de la vente du pétrole, doit reverser 1,48 milliard de dollars aux autorités fédérales, soit bien moins que le montant de 20 milliards de dollars avancé par Lamido Sanusi, l’ancien gouverneur de la Banque centrale.
Dans un communiqué publié le 5 février, le bureau du contrôleur général a rendu publiques les conclusions d’un rapport du cabinet d’audit PriceWaterhouseCoopers sur les comptes de la Nigeria National Petroleum Corporation (NNPC), l’entreprise publique nationale chargée de la gestion de la manne pétrolière – 95 % des recettes en devises du pays. Selon ce compte-rendu, PwC estime que la compagnie publique nigériane devrait reverser 1,48 milliard de dollars aux autorités fédérales.
Le cabinet d’audit international avait été mandaté pour examiner les comptes de NNPC, suite aux accusations de Lamido Sanusi, alors gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, selon qui l’entreprise publqiue avait échoué à reverser au gouvernement fédéral près de 50 milliards de dollars provenant de la vente du pétrole entre janvier 2012 et juillet 2013. Un montant ramené par la suite à 12 puis revu à 20 milliards de dollars début 2014.
>>>> Lire aussi : Lamido Sanusi, le Nigérian sans peur
Selon le communiqué du bureau du contrôleur général du Nigeria, PriceWaterhouseCoopers relève que NNPC fonctionne sur un « modèle insoutenable » et recommande « une revue ainsi qu’une restructuration urgente de son mode opératoire ».
Mascarade
Durant une conférence de presse organisée ce jeudi 11 février, Joseph Dawha, le patron de NNPC – nommé à ce poste suite à la controverse déclenchée par Lamido Sanusi – s’est montré satisfait des conclusions de PwC qui, selon lui, absolvent la compagnie publique « de toutes les accusations portées contre elle ».
« Ce rapport a clairement justifié notre position depuis le début : le soi-disant non-versement des recettes du pétrole est une mascarade », a-t-il déclaré.
Au sujet de l’encours de 1,48 milliards de dollars, Joseph Dawha a indiqué qu’il s’agissait du « solde de la valeur comptable des actifs cédés » à la Nigerian Petroleum Development Company (NPDC), filière upstream de la NNPC. « Il est important de noter », a-t-il d’ailleurs insisté, que cette somme ne provenait pas de la vente de pétrole.
Contestation
La décision du président Goodluck Jonathan de ne pas publier le rapport d’audit dans son intégralité et de confier son examen au contrôleur général a toutefois suscité une vive contestation, alors que le pays est en pleine campagne présidentielle et législative.
Civil Society Organisations (CSOs), une plateforme regroupant plus d’une dizaine d’organisations de la société civile nigériane, a demandé que le rapport complet de l’audit de NNPC soit rendu public et que ses recommandations soient entièrement mises en oeuvre.
Solomon Adeola, le président de la commission des comptes publics de la Chambre des représentants – et par ailleurs candidat du All Progressives Congress (opposition) au Sénat – a indiqué le mardi 10 février, que PricewaterhouseCoopers serait entendu par son comité au sujet de son audit. Au menu des « discussions » : les termes de références du contrat, les consignes données au cabinet et surtout les résultats détaillés de l’audit.
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