Terrorisme : Boko Haram, une menace de plus en plus régionale
Depuis plusieurs mois, Boko Haram a entrepris de mener de plus en plus d’attaques et d’attentats en dehors du Nigeria, au Cameroun, au Tchad et au Niger. En septembre et octobre, plus de la moitié des actions du groupe ont été menées dans ces trois pays.
Publié le 15 octobre 2015 Lecture : 1 minute.
Pendant plusieurs années, Boko Haram est resté un problème nigérian. Si les islamistes se servaient des pays voisins comme de base de repli, ils concentraient leur capacité destructrice sur le Nigeria, en particulier au Nord. Mais la donne a changé.
Après avoir conquis de nombreuses localités dans le nord nigérian, grâce à une certaine passivité de l’armée nigériane, les combattants islamistes ont été chassés de la plupart de leur position, à partir de début 2015 et de l’entrée en guerre des armées tchadienne, camerounaise, et nigérienne. Obligé de se replier dans les zones du lac Tchad et proches de la frontière camerounaise, Boko Haram a été contraint à un changement de stratégie.
Guerre asymétrique
Lancé dans une guerre asymétrique qu’il espère la plus longue possible, le groupe islamiste a multiplié les attentats-suicides et déporté progressivement son champ d’action. Lors du dernier trimestre 2014, le Nigeria a ainsi été le seul pays frappé par Boko Haram. En janvier, février et mars 2015, seules trois attaques touchent les pays voisins du Nigeria, pour deux en avril et aucune en mai.
Mais depuis, le virement stratégique est net : 3 attaques sur 10 ont lieu hors du territoire nigérian en juin 2015, 7 sur 26 en juillet, 1 sur 6 en août et, surtout, 4 sur 6 en septembre et 3 sur 7 début octobre. Boko Haram tente clairement de faire pression sur les pouvoirs nigérien, tchadien et camerounais qui ont lancé, avec le Nigeria, une force régionale afin de lutter contre les terroristes.
Boko Haram, qui se fait désormais appeler l’État islamique en Afrique de l’Ouest, espère également changer d’envergure en étendant son champ d’action. Un pari pour le moment réussi puisque la France et les États-Unis, qui ont annoncé envoyer 300 militaires au Cameroun, le 14 octobre, ont décidé de s’impliquer davantage dans le conflit.
Cartographie des attaques de Boko Haram depuis mai 2015
(Cliquez sur les repères pour afficher les informations)