Scandale « SwissLeaks » : quels sont les pays africains les plus touchés ?
Les données publiées par SwissLeaks mettent en évidence de nombreuses disparités parmi les États du continent affectés par l’évasion fiscale.
La filiale suisse de la banque britannique HSBC (HSBC Private Bank) est fortement suspectée d’avoir mis en place – au moins entre 2006 et 2007 – un vaste système international de fraude fiscale. Le scandale « SwissLeaks » désigne ce mécanisme d’évasion tels qu’il a été divulgué début février par le Consortium international des journalistes d’investigation (CIJI).
Pour en savoir plus : « SwissLeaks » : quelles sont les principales personnalités touchées en Afrique ?
Si les données révélées par le scandale SwissLeaks ne concernent que les comptes de clients africains associés à la seule filiale suisse de HSBC Private Banque et ne divulguent que les montants détenus entre 2006 et 2007, elles mettent en évidence de profondes disparités parmi les États du continent affectés par cette évasion fiscale et l’impact souvent disproportionné que cette dernière prend dans nombre d’entre eux.
Les sommes associées aux dix premiers pays africains affectés par cette évasion atteignent 10,9 milliards de dollars.
Ainsi, parmi les dix pays associés à ces comptes, il n’est pas surprenant de retrouver quelques-unes des plus importantes économies africaines, telles que l’Égypte (au 1er rang, avec 3,5 milliards de dollars), l’Afrique du Sud (2e – 2 milliards), le Maroc (3e – 1,6 milliard), l’Algérie (5e – 671 millions) et la Libye (8e – 522 millions de dollars).
Pourtant dans ce top 10, on retrouve certains des pays les plus pauvres du continent, à l’image d’Érythrée (4e – 700 millions de dollars), les Seychelles (9e – près d’un demi-milliard de dollars) et le Liberia (10e – 288 millions de dollars).
Les sommes associées aux dix premiers pays affectés par la fuite de capitaux révélée par SwissLeaks atteignent 10,9 milliards de dollars, soit 82,5 % du total des montants liés aux pays africains.
Montants par pays africains
Les données de SwissLeaks montrent également que tous les comptes suisses ne sont pas créés égaux. Par exemple, sur les 32 clients « associés à l’Erythrée » (699,6 millions de dollars détenus dans des comptes suisses de HSBC), environ 695,2 millions de dollars peuvent être rattachés à un seul client, soit 99 % de la somme totale. Dans 13 des pays africains (sur une quarantaine) mis à l’index dans ces révélations, plus de 50 % des sommes détenues en Suisse peuvent être associés in fine à un seul client.
Les données de SwissLeaks montrent que tous les comptes suisses ne sont pas créés égaux.
Selon nos calculs, en part du produit intérieur brut réalisé par ces États en 2007 (données de la Banque mondiale), les trois économies les plus affectées sur le continent figurent parmi les plus petites et les moins diversifiées de la région.
Ainsi, en 2007, les montants détenus dans les comptes de HSBC en Suisse associés à l’Érythrée représentaient 53 % du PIB du pays, soit à peine plus que les Seychelles (49,70 %) et le Liberia (38,96 %).
Tandis que l’Égypte, au premier rang des pays africains touchés par l’évasion fiscale révélée par SwissLeaks s’en sort relativement indemne : les 3,5 milliards de dollars logés dans les comptes de HSBC ne représentaient que 2,68 % du PIB du pays à l’époque.
Enfin, selon nos estimations les sommes contenus dans les comptes suisses de HSBC en 2007 représentaient près de 2,8 millions de fois le revenu par habitant de l’Érythrée à l’époque. Cette proportion est proche de 2 millions dans le cas de l’Égypte et surpasse largement le seuil d’un million au Liberia.
Sommes dévoilées par SwissLeaks en proportion du PIB/habitant
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