Le Cameroun va émettre un eurobond de 1,5 milliard de dollars

Cet eurobond de 1,5 milliard de dollars, la première incursion du Cameroun sur les marchés internationaux, sera pilotée par Standard Chartered Bank of Cameroon et Société générale.

Alamine Ousmane Mey est le ministre des Finances du Cameroun. © Molly Riley/AP/SIPA

Alamine Ousmane Mey est le ministre des Finances du Cameroun. © Molly Riley/AP/SIPA

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Publié le 11 février 2015 Lecture : 3 minutes.

Pour sa première incursion sur les marchés internationaux, le Cameroun va émettre 1,5 milliard de dollars, soit environ 750 milliards de F CFA. « Il va nous falloir des journées de 27 heures dans les prochains jours pour structurer cette opération », a tenu à rappeler Alamine Ousmane Mey, le ministre des Finances, à ses interlocuteurs et collaborateurs, le 10 février, lors de la signature des conventions avec les différentes banques.

« Nous pensons boucler [cette levée de fonds] avant la fin du premier trimestre », a affirmé, sans donner plus de détails, Mathieu Mandeng, le directeur général de Standard Chartered Bank of Cameroon qui pilotera le projet en compagnie des équipes parisiennes du groupe bancaire Société Générale.

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Besoins additionnels

Initialement arrêté à 600 millions de dollars en décembre pour financer exclusivement le plan d’urgence triennal lancé par le gouvernement, le montant de l’enveloppe recherchée par le pays n’a cessé d’augmenter pour répondre aux besoins additionnels qui se sont fait jour.

Les ressources mobilisées via l’emprunt international vont notamment financer la construction de deux axes routiers de désenclavement dans chaque région, la création d’agropôles et de 120 000 hectares de périmètre hydro-agricole, de grands marchés de ravitaillement en denrées, l’aménagement d’ouvrages de retenue d’eau dans les trois régions du nord du pays.

Elles serviront aussi à refinancer partiellement la Société nationale de raffinage (Sonara), le reliquat étant couvert par un crédit-relais de 143,5 milliards de F CFA accordé par une syndication composée de BGFI Cameroun, d’Afriland First Bank Cameroun, ainsi des filiales camerounaise, congolaise et équato-guinéenne de la Société générale et d’Ecobank

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Pourquoi un eurobond ?

Le choix de l’eurobond, alors qu’un recours au marché financier régional avait été envisagé dans un premier temps, s’explique par le « risque d’indisponibilité de la liquidité à cette échelle, compte tenu des besoins du pays », explique un cadre du ministère des Finances. D’autant que « le Gabon, le Tchad, le Congo et même la Guinée équatoriale s’apprêtent à lever des bons et obligations du trésor. Cela va faire baisser considérablement l’assiette de liquidités et affecter leur disponibilité en zone Cemac ».

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Quoi qu’il en soit, ce recours du Cameroun aux marchés financiers internationaux intervient dans une conjecture difficile pour le pays producteur de pétrole. En effet, l’or noir qui représente entre 20 et 30 % des recettes fiscales a vu ses cours chuter de plus de 50 % depuis juin 2014.

Le budget 2015 du pays a été établi sur la base d’un cours du brut de 89,7 dollars, alors qu’il est aujourd’hui autour de 50 dollars. Le Trésor public prévoit 774,9 milliards de F CFA (1,18 milliard d’euros) de revenus pétroliers cette année. Selon l’agence de notation Standard & Poor’s, ils devraient être inférieurs d’un tiers à cette prévision.

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La conjoncture pétrolière qui accroît l’incertitude autour des revenus des producteurs d’or noir sur le continent se reflète par une hausse des taux de leurs obligations internationales sur les marchés boursiers. Le Cameroun a-t-il choisi le bon moment pour lancer son eurobond ?

Pour Mathieu Mandeng, le danger est faible. Le Cameroun dispose en effet d’une économie diversifiée et est moins dépendant du pétrole que les pays limitrophes tels le Gabon, le Nigeria, le Congo-Brazzavile, la Guinée équatoriale ou le Tchad. De plus, souligne le directeur général de Standard Chartered Bank of Cameroon, « les fondamentaux sont solides ».

L’endettement du pays reste en effet assez limité. Il ne représentait que 22,9 % du PIB en 2014. Un ratio qui devrait atteindre 32,8 % en 2018, selon les données de Standard & Poor’s.

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Par Omer Mbadi, à Yaoundé

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