Pauvreté et inégalités en Afrique : la Banque mondiale fait un encourageant état des lieux
Dans un nouveau rapport, la Banque mondiale suggère que l’incidence de la pauvreté en Afrique pourrait être inférieure à ce qu’indiquent les estimations et que la région n’affiche pas de croissance systématique des inégalités.
Dans « Poverty in a Rising Africa » (La pauvreté dans une Afrique en plein essor), un rapport rendu public ce vendredi, la Banque mondiale annonce des résultats à rebours des discours généralement répandus au sujet de l’Afrique.
« Selon les estimations les plus récentes de la Banque mondiale, écrit l’institution internationale dans un communiqué, le pourcentage d’Africains pauvres a chuté de 56 % en 1990 à 43 % en 2012″. Selon l’institution internationale ce recul du taux de pauvreté pourrait d’ailleurs « être plus important qu’escompté, lorsqu’on réexamine la qualité et de la comparabilité des données utilisées ».
Pour autant, rappelle la Banque mondiale, cette nouvelle encourageante « ne doit pas masquer le fait que le nombre de pauvres a augmenté », en raison de l’accroissement de la population. Selon « le modèle le plus optimiste », l’Afrique compte 330 millions de pauvres en 2012, contre 280 millions en 1990.
C’est dans les pays fragiles que la réduction de la pauvreté est la plus lente, mais l’écart entre le niveau de la pauvreté dans les milieux urbain et rural est en recul sur le continent.
La Banque mondiale note également que les « indicateurs non monétaires de la pauvreté » se sont améliorés : les taux d’alphabétisation chez les adultes ont gagné quatre points de pourcentage depuis 1995 et les disparités entre les sexes ont été réduites. Sur la même période, l’espérance de vie a augmenté de six ans, et la prévalence de la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans a baissé de six points de pourcentage, pour s’établir à 39 %.
Pas de hausse systématique des inégalités
Sur le plan des inégalités en Afrique, la Banque mondiale reconnaît que la situation est « complexe ». « Sept des dix pays les plus inégalitaires au monde sont situés en Afrique, et principalement en Afrique australe », écrit l’institution internationale.
« Si l’on exclut ces pays, et en tenant compte des niveaux de PIB, les inégalités ne sont pas plus élevées en Afrique qu’ailleurs », écrit toutefois l’institution internationale.
Les données des enquêtes menées auprès des ménages ne montrent pas une hausse systématique des inégalités dans les pays africains, tandis que l’on assiste toutefois à une augmentation du nombre de personnes très fortunées.
Obtenir de meilleures données
L’institution internationale se garde toutefois d’un enthousiasme excessif et souligne bien au contraire les efforts qui restent à faire. « Bien que les données montrent une diminution de la proportion d’Africains vivant dans l’extrême pauvreté, des obstacles majeurs persistent, compte tenu de la croissance démographique rapide que connaît cette région du monde », avertit Kathleen Beegle, chef de programme à la Banque mondiale et coauteur du rapport.
Aussi, malgré « une amélioration significative des taux de scolarisation, la qualité de l’instruction est souvent très médiocre et plus de deux adultes sur cinq sont encore analphabètes », rappelle l’institution internationale, qui appelle en outre au renforcement des données sur la pauvreté en Afrique.
Seuls 25 pays d’Afrique subsaharienne sur 48 ont conduit au moins deux enquêtes auprès des ménages entre 2003 et 2012. Afin d’aider à y remédier, la Banque mondiale a annoncé le 15 octobre que les pays les plus pauvres, notamment africains, recevront un appui pour réaliser des enquêtes sur les ménages tous les trois ans.
>>> Découvrez la version complète du rapport de la Banque mondiale [Anglais]
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