Retraite gagnante pour Standard Bank
En 2011, le groupe sud-africain avait commencé à recentrer ses activités sur le continent. Une stratégie qui a dopé ses profits. Reste à donner un coup de pouce pour valoriser l’action.
L’annonce avait été faite le matin du 31 mai avant d’être rapidement rectifiée. Fred Phaswana, le président de Standard Bank (première banque africaine par le total de bilan avec 142,2 milliards d’euros en 2011), avait d’abord déclaré que son groupe envisageait de procéder au rachat d’une partie de ses propres actions, cotées à la Bourse de Johannesburg. L’opération, qui avait reçu l’accord de principe des actionnaires, devait être menée soit par la maison mère, basée en Afrique du Sud, soit par l’une de ses filiales. Dans la foulée, l’un des porte-parole du groupe corrigeait, précisant qu’il ne s’agissait pas d’une intention immédiate.
À la peine
Si ce cafouillage dans la communication du géant sud-africain ne permet pas d’en savoir plus sur ses projets, une chose reste certaine : la volonté de réaliser une telle opération signifie qu’aux yeux des dirigeants de Standard Bank, le cours du titre est en dessous de ce qu’il devrait être.
Il faut dire que la valeur de l’action peine à progresser. Fin 2007, lorsque Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) a racheté 20,1 % du capital de Standard Bank pour 36,7 milliards de rands (3,9 milliards d’euros), l’opération avait été réalisée au prix de 120 rands l’action. Depuis, le cours n’a pas décollé. Le 27 juin par exemple, il est descendu à 112 rands après avoir atteint un pic à 118 rands le 21 juin. Des niveaux néanmoins bien supérieurs à ceux enregistrés un an plus tôt : 97,1 rands le 27 juin 2011.
L’objectif des dirigeants de Standard Bank est donc clair : réduire le nombre de titres en circulation sur le marché pour doper leur valeur. Mais « si l’opération se confirme, elle devrait aussi permettre d’augmenter le dividende distribué, puisque la base des actionnaires sera ainsi réduite », ajoute Cyrille Nkontchou, le président de Liquid Africa, un intermédiaire financier présent à Londres et à Johannesburg. Si le groupe a redistribué 4,25 rands par action en 2011, ce qui représente une augmentation de 10,1 % par rapport à l’année précédente, ce chiffre avait été maintenu à 3,86 rands entre 2007 et 2010. Dans son dernier rapport annuel, la direction a expliqué cette stagnation par la baisse de ses bénéfices par action sur cette période. Mais selon les analystes, la nouvelle tendance à la hausse du dividende devrait désormais se poursuivre. Car outre l’opération de rachat d’actions qui est visiblement dans les tuyaux, le repli stratégique du groupe sur l’Afrique devrait continuer à porter ses fruits.
Après avoir essayé, sans succès, de se positionner comme la banque des économies émergentes en tentant des implantations en Russie et en Argentine, Standard Bank s’est finalement désengagé de ses filiales dans ces deux pays et a revu à la baisse sa participation dans Standard Ünlü (Turquie) de 65 % à 25 %. De fait, les investissements (environ 85 millions d’euros) que ces différentes opérations lui ont permis de réaliser en 2011 dans le reste de l’Afrique – le groupe est présent dans 17 pays – ont contribué aux bons résultats qu’il a enregistrés. La hausse du profit net par action à 8,60 rands (+ 21,4 % sur un an) est ainsi largement attribuable à la performance des filiales subsahariennes.
Le produit net bancaire réalisé par le groupe au sud du Sahara a progressé de 17 % sur un an pour approcher les 500 millions d’euros en 2011 (en Afrique du Sud, son marché domestique, cette progression n’a été que de 7 %). De plus, Standard Bank (également présent sous le nom de Stanbic dans certains pays) a vu le nombre de ses clients subsahariens augmenter de 10 % l’année dernière (contre 5 % seulement sur son marché domestique).
Aux yeux des dirigeants, le cours du titre est en dessous de ce qu’il devrait être.
Expansion
Fort de ce succès, le groupe a annoncé début 2012 son intention d’investir jusqu’à 240 millions d’euros pour l’expansion de ses réseaux sur certains marchés clés comme le Kenya, l’Angola, la Zambie ou encore le Ghana. Des pays qui figurent parmi les champions de la croissance en Afrique. Le Ghana devrait par exemple afficher une croissance de 8,3 % cette année, puis 7,7 % en 2013, selon les prévisions de la Banque africaine de développement. En attendant que les résultats financiers du premier semestre, attendus pour le 16 août, viennent valider (ou non) sa nouvelle stratégie, Standard Bank a par ailleurs indiqué qu’il comptait recruter d’ici à 2014 entre 3 000 et 4 000 nouveaux salariés pour accompagner son développement continental.
Reste que pour devenir véritablement une banque panafricaine et tirer pleinement profit du potentiel de croissance de la région, le groupe devra s’aventurer au-delà de sa zone de prédilection, les pays anglophones. « La frilosité de Standard Bank lorsqu’il s’agit d’aller en Afrique francophone le prive incontestablement de certains marchés à fort potentiel », juge un analyste financier. Jusqu’ici, la seule opération majeure réalisée par le groupe dans cette zone se résume aux conseils qu’il a fournis au Sénégal dans l’émission d’un emprunt obligataire de près de 400 millions d’euros en 2011
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