Botswana : la justice contre l’expulsion des footballeurs érythréens

La justice du Botswana a ordonné samedi le maintien dans ce pays d’Afrique australe de dix joueurs de l’équipe nationale érythréenne de football qui ont demandé l’asile politique, s’opposant ainsi à la volonté de Gaborone de les renvoyer chez eux.

Des soldats érythréens à la ville frontalière de Badme en novembre 2008. © AFP

Des soldats érythréens à la ville frontalière de Badme en novembre 2008. © AFP

Publié le 17 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

L’État du Botswana « ne peut pas retirer de la juridiction du Botswana dix Erythréens, tous membres de l’équipe nationale de football, qui le 14 octobre 2015 ou autour de cette date, se sont présentés à des représentants du gouvernement du Botswana à Francistown (est) pour demander l’asile politique », a statué le juge de la Haute Cour de Lobatse (sud), Godfrey Radijeng.

La justice étudiera de nouveau leur cas le 11 décembre, une fois que leur demande aura été examinée, a-t-il ajouté.

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« Dans l’immédiat, les dix footballeurs érythréens sont maintenus dans un centre pour immigrants illégaux à Francistown, ville où ils avaient joué leur match mardi », a précisé le juge Radijeng.

La Haute Cour s’est prononcée après avoir été saisie par le Mouvement érythréen pour la démocratie et les droits de l’Homme (EMDHR), basé en Afrique du Sud et qui s’opposait à la volonté de Gaborone de déporter les demandeurs d’asile.

Le ministre de la Défense du Botswana, Shaw Kgathi, avait en effet estimé que les Erythréens étaient venus au Botswana pour jouer un match de football et devaient être renvoyés chez eux.

« Inculpés pour trahison »

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S’ils rentrent en Erythrée, ils seront « inculpés pour trahison et tués ou emprisonnés », avait affirmé Adane Ghebremestel de l’EMDHR.

Les 10 footballeurs qui ont demandé l’asile avaient participé mardi à un match contre le Botswana dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde 2018.

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Il est fréquent que des sportifs érythréens profitent de déplacements à l’étranger pour fuir leur pays, contrôlé d’une main de fer par le président Issaias Afeworki depuis 1993. En 2012, 18 footballeurs érythréens avaient déjà demandé l’asile en Ouganda alors qu’ils participaient à un tournoi de football. En 2007, six footballeurs avaient fait de même en Angola, et 12 autres en 2009 au Kenya.

Devant ses défections à répétition, l’équipe érythréenne de football des Red Sea Camels s’est retirée de plusieurs compétitions. L’an dernier, l’Erythrée a ainsi renoncé à participer à la Coupe africaine des nations, quelques semaines seulement avant son match contre le Soudan du Sud.

Une des causes principales du départ des jeunes Erythréens est le service militaire obligatoire, officiellement de dix-huit mois, mais qui peut durer indéfiniment.

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