L’argent des Africains : Sébastien, chauffeur au Cameroun – 137 euros par mois (et jusqu’à 48 euros d’à-côtés)
Sébastien Mendeuk a 31 ans. Chauffeur depuis huit ans, son activité lui rapporte mensuellement 90 000 F CFA (soit 137 euros), une somme qu’il arrondit chaque mois en faisant le taxi-moto dans les rues de Yaoundé. Dans ce nouvel épisode de notre série, Sébastien explique comment il parvient à faire vivre sa famille avec cette somme.
Sébastien conduit beaucoup. Le matin, il utilise sa moto pour se rendre de Nsam, le quartier de Yaoundé où réside son employeur. Là bas, il passe derrière le volant de la voiture de son patron, un policier français qui travaille pour l’ambassade de France. Il accompagne la famille de cet homme dans tous ses déplacements de 7h30 à 17h30. Parfois, les journées de Sébastien peuvent être plus longues ou plus courtes, selon les besoins de son patron.
Revenus : entre 137 et 180 euros
Ce travail lui permet de s’assurer un revenu mensuel de 90 000 F CFA. Une somme qui lui permet difficilement d’assurer toutes ses dépenses. Alors rien n’est laissé au hasard. Sébastien « fait le taxi-moto » lorsqu’il va au travail mais aussi le soir lorsqu’il rentre chez lui. « Si vous voulez bosser, vous prenez tout ce qui vous tombe sous la main », estime le jeune homme de 31 ans. Chaque course lui permet de récolter 250 F CFA. À raison de deux courses par jours, six fois par semaine, cela lui permet d’engranger 3000 F CFA supplémentaire chaque semaine. Le week-end il remonte parfois en selle et peut se faire jusqu’à 5000 F CFA.
Essence : plus de 12 euros
Le précieux engin a été offert à Sébastien par son patron, mais il lui faut malgré tout remplir le réservoir à raison de 3 euros par semaine.
Si Sébastien optimise tous ses déplacements en faisant le taxi, c’est parce qu’il assume à lui seul les dépenses de son foyer. Sébastien vit avec sa petite amie, encore étudiante, et son fils de 4 ans. « Le papa ne s’en occupe pas et moi, comme je suis amoureux de sa maman, je ne vois pas de mal à prendre en charge le petit. »
Chaque année, Sébastien dépense ainsi près de 200 euros, qu’il paie en plusieurs fois, pour les frais d’inscription du « petit » à l’école en demi-pension. La réussite de sa compagne lui tient aussi à cœur, et il y a consacré cette année plus de 450 euros au titre de frais d’inscription à l’université. Il a emprunté 300 euros à son patron, ce qui lui vaut de rembourser plus de 15 euros chaque mois. Les autres 150 euros ont été payés cash.
Près de 40 euros pour un deux-pièces
Pour le petit deux-pièces dans lequel vit la famille recomposée, Sébastien dépense chaque mois près de 40 euros de loyer. Pour cette somme, point de douche et la toilette se fait au lavabo. « Nous ne disposons que d’une chambre et d’un salon dans lequel je prépare aussi à manger. » La cuisine, Sébastien ne « la fait pas tous les jours » – comprendre il ne prépare pas systématiquement de plat différent. « Je dépense 2 500 F CFA tous les deux à trois jours. » Pour réduire les dépenses au minimum, Sébastien et sa famille ne mangent pas beaucoup de viande. Certains jours, le jeune homme se sacrifie : il se contente d’un petit-déjeuner et attend l’heure du dîner avant de s’attabler à nouveau.
9 euros pour la télé et pour dormir la lumière allumée
Les factures d’électricité varient entre 5000 et 6000 F CFA. Une consommation que Sébastien juge élevée notamment en raison de son poste de télévision qu’il se plaît à regarder et « parce que le petit à peur de dormir dans le noir ».
Sébastien s’assure que le fils de sa compagne ne manque jamais de rien et lorsqu’il lui reste un petit quelque chose, il lui arrive d’offrir un cadeau à celle qui partage sa vie. « Je lui offre des choses pas chères en paille, ou des t-shirts et des pantalons ». Au moment de passer en caisse, la facture ne dépasse jamais les 8 euros.
8 à 10 euros pour les sorties
Le couple ne sort pas beaucoup et préfère se balader, « faire des choses qui ne coûtent rien » ou alors seulement le prix de la course de taxi. « Je ne sors jamais en boîte et que très rarement dans les bars. Lorsque cela arrive, je ne bois jamais d’alcool, je me contente de jus », affirme Sébastien que l’on a envie de croire sur parole. Des dépenses qu’il estime à 5000 F CFA par mois.
Bien qu’il ne soit pas marié, celui qui a le profil du gendre idéal dit aussi conserver une épargne de 5000 F CFA pour le cas où lui ou les siens tomberaient malade et auraient besoin de médicaments.
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