L’argent des Africains : Kasongo, étudiant congolo-gabonais au Maroc – 1 500 euros par mois (à partager)

Kasongo* a 27 ans. De nationalités congolaise et gabonaise, l’étudiant est installé au Maroc où il vit avec son jeune frère. Chaque mois, ils reçoivent 1 500 euros de leurs parents installés au Gabon. Pour ce nouvel épisode de notre série sur l’argent des Africains, il nous a ouvert son portefeuille.

Photo d’illustration – Manifestation contre le racisme au Maroc devant le parlement, en septembre 2014, après le meurtre d’un Sénégalais à Tanger. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Photo d’illustration – Manifestation contre le racisme au Maroc devant le parlement, en septembre 2014, après le meurtre d’un Sénégalais à Tanger. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Publié le 21 octobre 2015 Lecture : 3 minutes.

Si beaucoup d’étudiants ont des fins de mois difficiles, Kasongo n’est pas de ceux-là. Né dans la ville congolaise de Pointe-Noire il y a vingt-sept ans, d’un père fonctionnaire gabonais et d’une mère commerçante congolaise, Kasongo a passé toute son enfance au Gabon au sein d’une famille aisée.

En 2011, le bac en poche, il s’envole pour le Maroc. Direction Casablanca pour étudier le management international dans une école privée. « Le Gabon n’est pas vraiment un pôle académique, tout comme en République du Congo, l’éducation n’est pas valorisée, les infrastructures sont très faibles », déplore-t-il. Avant d’ajouter, fataliste : « Tous les jeunes Gabonais et Congolais qui veulent poursuivre leurs études et mettre toutes les chances de leurs côtés savent qu’ils doivent partir ».

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Victime du racisme

S’il apprécie sa vie au Maroc, Kasongo raconte pourtant un quotidien terni par le racisme. « La mentalité de certaines personnes est fermée, et le racisme est fréquent. Mes amis et moi-même, sommes souvent insultés dans la rue », témoigne-t-il, résigné. Même chose à l’école, où ses collègues refusent son prénom et lui en ont choisi un arabe. « C’est comme ça ici, on détourne le regard », grince Kasongo.

Il s’est donc constitué un réseau d’amis originaires d’Afrique sub-saharienne, dont certains viennent de Côte d’Ivoire ou encore du Cameroun. Plutôt fêtard, il dépense une coquette somme lors des soirées en boîtes de nuit. Entrées en discothèque, boissons (alcoolisées entre autres) …. : « Parfois, je peux aller jusqu’à 400 euros par mois », s’amuse-t-il. En moyenne, il estime qu’il consacre 300 euros à ses loisirs.

1 500 euros pas mois d’aide parentale

Il faut dire que l’étudiant n’a pas de problème d’argent. Chaque mois, ses parents lui envoient 1 500 euros pour lui et son petit frère de 18 ans, qui l’a rejoint à Casablanca pour poursuivre ses études. À titre d’exemple, un fonctionnaire marocain gagnait en 2014 chaque mois en moyenne 7 300 dirhams net, soit 667 euros.

Ensemble, les deux frères partagent un appartement qui leur coûte 250 euros par mois. Les transports -le tramway et le bus – ne sont pas un poste de dépense très important : ils y consacre une trentaine d’euros par mois chacun. De même que la nourriture : « au Maroc, ça ne coûte pas cher. Avec une centaine d’euros par mois, je remplis facilement le frigo », détaille-t-il.

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Son école privée de management lui coûte chaque mois 220 euros, auxquels il faut ajouter 150 euros pour les frais de scolarité de son frère. L’étudiant au train de vie confortable espère bien rentabiliser cet investissement. « Je me vois bien travailler dans une compagnie pétrolière car il y a de l’argent à se faire », explique-t-il. S’il envisage de postuler dans une entreprise congolaise, la situation politique l’effraie : « le Congo, politiquement, c’est chaud en ce moment ! »

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En attendant, il termine donc sa licence, et quittera le Maroc en fin d’année scolaire. Kasongo se voit bien rentrer faire carrière au Gabon, « le pays qui lui a tout donné ». « Je suis parfois nostalgique, je ne vois pas souvent mes parents, ils me manquent », glisse-t-il aussi.

Mais comme pour le Congo, Kasongo  est très attentif à la situation politique, qui ne le rassure pas vraiment : « Je verrai comment les élections présidentielles de 2016 se dérouleront. Ce qui m’importe, c’est de m’installer et faire carrière dans un pays stable ».

*Son prénom a été modifié.

Si vous souhaitez participer à notre série, écrivez nous à argentdesafricains@jeuneafrique.com

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