Manifestations en Afrique du Sud : Jacob Zuma plie face aux étudiants
Après plusieurs jours de manifestations étudiantes qui ont paralysé les universités du pays, le président Jacob Zuma a annoncé qu’il annulait l’augmentation des frais de scolarité.
Le président sud-africain a plié sous la pression des étudiants. « Nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’il n’y aura aucune augmentation des frais de scolarité en 2016 », a annoncé Jacob Zuma à l’issue d’une réunion avec les leaders de la contestation, depuis le siège du gouvernement où des milliers de manifestants s’étaient rassemblés vendredi 23 octobre.
Le président devait initialement s’adresser aux manifestants directement, mais le rassemblement a dégénéré et la foule a été dispersée par la police qui a fait usage de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes.
« Les discussions se poursuivront sur des problèmes plus larges que les frais de scolarité. De nombreux problèmes ont été soulevés et devront être suivis, comme l’éducation gratuite, l’indépendance des universités et le racisme», a poursuivi le président.
Contexte économique morose
Il n’est pas rare de payer plus de 3 500 euros son année scolaire.
Le mouvement de contestation est parti il y a quinze jours de l’université de Witswaterstand, située au cœur de Johannesburg. Les étudiants ont dénoncé une augmentation des frais de scolarité, jusqu’à 10,5%, qui pénalise, selon eux, les plus pauvres. Et plus globalement, ils dénonçaient le manque d’opportunités dans un pays où la moitié des jeunes est au chômage. « Alors que l’économie sud-africaine stagne, il n’est pas rare de payer plus de 3 500 euros son année scolaire. Le mouvement a fait rapidement tache d’huile dans les principales universités du pays », explique Thomas Lesaffre, chercheur au Public Affair Research Institut en Afrique du Sud, spécialisé sur la recomposition du pouvoir dans l’Afrique du Sud post-apartheid.
La situation était difficilement tenable pour l’ANC, parti au pouvoir en Afrique du Sud. « La position du parti de Zuma était très compliquée, poursuit le chercheur. D’abord parce que les organisations étudiantes à l’origine du mouvement sont des organisations affiliées au parti, et le revendique ouvertement, mais aussi parce que le gouvernement a une grande part de responsabilité dans cette affaire. C’est parce qu’il a réduit une partie des aides promises aux universités qu’il a poussé les recteurs à augmenter les frais d’inscription. »
Après le déboulonnage de la statue du colon Cecil Rhodes dans la prestigieuse université de Cape Town – portée par le slogan #RodhesMustFall (qui a inspiré le #FeesMustFall de ce mois d’octobre), les étudiants sud-africains ont une nouvelle fois montré leur capacité à peser sur la vie politique du pays.
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