Augustin Kouadio Komoé : « Nous espérons un second tour pour rassembler toutes les forces du FPI »

À la veille de la présidentielle, le FPI espère encore réunir la grande famille de l’ex-président Gbagbo pour aller au second tour du scrutin et voir le candidat Affi N’Guessan conserver toutes ses chances. Alors qu’un autre candidat de l’opposition, Charles Konan Banny, vient d’annoncer son retrait de la course, l’heure est à la pêche aux voix. Entretien avec Augustin Kouadio Komoé, ex-ministre de la Culture puis des Mines sous Laurent Gbagbo, désormais secrétaire général adjoint du FPI.

Augustin Kouadio Komoé, secrétaire général adjoint du FPI. © DR / www.gouv.ci

Augustin Kouadio Komoé, secrétaire général adjoint du FPI. © DR / www.gouv.ci

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Publié le 23 octobre 2015 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : Charles Konan Banny vient de se retirer de la course à la présidentielle, c’est une bonne chose pour vous ?

Augustin Kouadio Komoé : C’est bien dommage. C’est une manière de laisser la roue libre à M. Ouattara. Il était utile que tous les candidats de l’opposition fassent front commun contre Ouattara… Bien-sûr, on peut récupérer une partie de son électorat mais ça va dépendre de l’attitude de Charles Konan Banny. Par exemple, va-t-il appeler au boycott ? Le risque c’est que ça affaiblisse un peu plus le camp de la contestation au premier tour, que les voix s’éparpillent et que cela gonfle l’abstention… Dans tous les cas, nous continuons notre aventure, pour l’instant.

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Jeune Afrique : ça veut dire qu’Affi N’Guessan pourrait aussi se retirer ?

On ne sait jamais, pour l’instant nous sommes dans la course. Si le pouvoir crée de l’opacité autour de l’élection, autour des résultats, rien n’est définitif…

Avez-vous réussi à convaincre les frondeurs de se rallier derrière la candidature d’Affi N’Guessan ?

Vous savez, il y a toujours des tentatives. Nous on n’a jamais fermé la porte. On continue de discuter avec eux. Mais ce sont toujours eux qui font des déclarations à contre-courant. Il faut pourtant se rassembler. Maintenant, à quelques heures du scrutin, ça devient compliqué, mais les pro-Gbagbo peuvent encore voter Affi N’Guessan.

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Jusque-là, les tentatives de rapprochement semblent avoir toutes échoué ?

Même M. Innocent Akohi avait été approché. Vous savez les frondeurs, c’est comme une secte. Les plus courageux essayent de se rapprocher et quand ils se font taper dessus, ils se rétractent juste après.

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Les frondeurs sont toujours membres du parti ?

Tous les frondeurs le sont encore oui, mais certains qui avaient des responsabilités ont été exclus du comité de direction du Parti. Par exemple, M. Abou Drahamane Sangaré n’est plus vice-président du FPI comme il l’était auparavant. En menant sa dissidence, il s’est auto-exclu.

Sans Gbagbo, ce sera la chienlit…

Vous affirmez au FPI que Laurent Gbagbo soutient Affi N’Guessan, mais comment pouvez-vous l’affirmer ?

C’est une question de bon sens. Je suppose que pour Laurent Gbagbo, c’est dans son intérêt que le parti FPI qu’il a créé soit à nouveau une grande force politique. Si le FPI arrive au pouvoir, il sait très bien qu’il pourra revenir plus facilement en Côte d’Ivoire. Nous contrairement à M. Sangaré qui veut aller au « clash », nous sommes pour des négociations avec la communauté internationale. Nous voulons obtenir son retour par la voie diplomatique car nous voulons faire comprendre que M. Gbagbo n’est pas dangereux. Nous voulons sa liberté au nom de la réconciliation nationale. Son incarcération à La Haye n’arrange personne, même pour M. Ouattara, car il sait que le pays restera profondément divisé. Sans Gbagbo, ce sera la chienlit…

Et pourquoi M. Sangaré s’entête, selon vous, à répéter le contraire ?

C’est vrai que lui et Gbagbo sont très amis, ils le sont depuis longtemps. Mais je pense que l’intérêt de M. Gbagbo n’est pas le même que celui de Abou Drahmane Sangaré. Je me demande si ce dernier a un compte à régler avec le président Affi N’Guessan. Peut-être qu’il aurait aimé diriger l’appareil du parti et devenir incontournable. En tous les cas, on le voit, ce n’est pas la bonne personne pour fédérer une équipe au moment d’une campagne électorale. Je le déplore, on avait besoin de lui. S’il avait joué le jeu, je crois qu’on aurait eu toutes les chances d’obtenir le changement. Sa position nous met en grande difficulté. Nous espérons un second tour pour le convaincre encore et rassembler toutes les forces.

Vous êtes optimiste ? Vous croyez à un second tour ?

Je pense qu’on peut envisager sereinement un second tour. Rien n’est établi. Car je suis actuellement à l’est du pays dans le Bondoukou, en pays Zanzan à la frontière avec le Ghana et même là, je peux vous dire que Ouattara est critiqué. Il n’a rien fait pour ce département en termes de développement et nous on en profite évidemment. On critique ce bilan, ce développement à deux vitesses… Je ne suis même pas sûr que M. Ouattara gagnera dans cette région.

Un petit pronostic pour dimanche, quel sera le score du candidat du FPI selon vous ?

Sincèrement ? Je pense qu’Affi N’Guessan ne fera pas moins de 30 % des suffrages… Comme je pense que les autres candidats peuvent comptabiliser entre 9 et 15 %, on a toutes nos chances pour le second tour.

Et si le président gagne dès le premier tour ?

Et bien on jouera le jeu, on acceptera le verdict mais seulement s’il n’y a pas eu fraude. Ça sera difficile pour lui. Pour nous, c’est mathématiquement impossible qu’il l’emporte au premier, il y aura forcément un second tour.

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