RDC : comment éviter le pire ?

Déjà particulièrement complexe, l’échiquier politique congolais est aujourd’hui devenu illisible. Il fut un temps, pas si lointain, où tout était simple, ou presque.

Le président congolais Joseph Kabila. © Gwen Dubourthoumieu/J.A.

Le président congolais Joseph Kabila. © Gwen Dubourthoumieu/J.A.

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Publié le 4 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

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RD Congo : les grandes manoeuvres

Constitution, élections, défiance entre pouvoir et opposition … L’année 2016 s’annonce sous haute-tension.

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D’un côté, Kabila, le pouvoir, sa formation, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). De l’autre, l’opposition, incarnée par ses deux principaux ténors, Jean-Pierre Bemba (incarcéré à La Haye), à la tête du Mouvement de libération du Congo (MLC), et l’inoxydable Étienne Tshisekedi, patron aujourd’hui mutique et invisible de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

À près d’un an de la fin constitutionnelle du dernier mandat de Joseph Kabila, tous les repères ont explosé en vol. Dans les deux camps. Désormais, il faut compter avec une multitude d’acteurs, qui changent parfois de costumes. Vital Kamerhe (Union pour la nation congolaise, UNC) a quitté Kabila il y a longtemps déjà. Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat et vieux routier de la politique, se situe lui à mi-chemin, ni opposant ni membre de la majorité – peut-être la situation la plus confortable, finalement.

Tout est mis en œuvre pour ne pas respecter la Constitution, accuse Moïse Katumbi

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À cela, ajoutons les membres du « G7 », le groupe des représentants des sept formations politiques éjectées, en septembre, de la majorité présidentielle pour avoir demandé au chef de l’État, à travers trois missives, de renoncer à prolonger son bail au Palais des nations. Et, last but not least, l’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, qui vient de claquer, avec pertes et fracas, la porte du PPRD, dont il était l’un des poids lourds. « Tout est mis en œuvre pour ne pas respecter la Constitution », accuse-t-il, avant de dénoncer « le recul généralisé des libertés individuelles et les dérives inacceptables » du pouvoir. Ambiance…

En filigrane de ces mouvements entre fous, tours, cavaliers et pions qui franchissent tous les jours la ligne de démarcation entre pouvoir et opposition, la volonté supposée de Kabila de poursuivre son aventure au-delà des limites actuellement fixées par la Constitution. Fidèle à sa légende, ce dernier ne dit mot, pas plus pour nier que pour confirmer les intentions qu’on lui prête.

Le calendrier électoral à venir, véritable triangle des Bermudes de la vie politique du pays, laisse augurer des joutes politiciennes inquiétantes

Voici donc venu le temps de la paranoïa, du soupçon permanent et des manœuvres en coulisses. Tous les coups sont permis. En façade, pourtant, tout le monde prône le dialogue… Difficile d’imaginer, dans un tel contexte, l’année qui nous sépare de fin 2016 avec sérénité. Le calendrier électoral à venir le marathon, devrait-on dire -, véritable triangle des Bermudes de la vie politique du pays, laisse augurer des joutes politiciennes inquiétantes, dans un laps de temps réduit : élections provinciales, urbaines, municipales, locales, présidentielle et législatives sont à organiser.

Les Congolais ne peuvent qu’observer, médusés, ce champ de bataille où les « grands quelqu’uns » se rendent coup pour coup, alors que les urgences demeurent légion. La RD Congo, ce diamant hélas toujours brut qui, cinquante-cinq ans après son indépendance, n’en finit plus d’écrire la désespérante chronique de l’un des plus grands gâchis du continent, nous préoccupe tous.

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Ailleurs, la perspective d’élections peut ressembler à une promesse. Ici, elle suggère plutôt troubles et tensions. Et, année après année, les acteurs politiques de RD Congo continuent de donner la détestable impression de danser sur un volcan. Peut-on encore éviter la crise qui se profile ? Une grande partie de la réponse à cette question est entre les mains de Joseph Kabila. L’autre entre celles de ses opposants. Les Congolais, eux, prient pour un salvateur sursaut…

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