Référendum au Congo : l’opposition renonce à manifester

L’opposition congolaise est restée en retrait vendredi tandis qu’après les récentes violences, l’archevêque de Brazzaville appelait à « sauver la cohésion nationale », à deux jours du référendum qui pourrait permettre au président sortant de briguer un 3e mandat.

Meeting en faveur du « oui » au référendum,                         le 10 octobre, à Brazzaville. © LAUDES MARTIAL MBON/AFP

Meeting en faveur du « oui » au référendum, le 10 octobre, à Brazzaville. © LAUDES MARTIAL MBON/AFP

Publié le 23 octobre 2015 Lecture : 3 minutes.

« Nous pouvons encore sauver ce qui nous reste : la cohésion nationale », écrit Mgr Anatole Nilandou dans un « appel à la classe politique congolaise », invitant celle-ci à revenir « au carrefour du dialogue » afin d’éviter un « suicide collectif ».

Aucun homme politique majeur n’a réagi vendredi à cet appel du prélat catholique alors que le spectre des épisodes de guerre civile ayant déchiré le pays pendant une dizaine d’année de 1993 à 2003 hante la population.

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Les Congolais sont appelés à se prononcer dimanche sur un projet de nouvelle Constitution faisant sauter les deux verrous qui empêchent Denis Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat en 2016 : la limite d’âge et celle du nombre des mandats présidentiels.

Dénonçant cette consultation populaire comme un « coup d’État constitutionnel », deux coalitions d’opposition avaient tenté d’organiser mardi des opérations de « désobéissance civile ». L’interdiction de tout rassemblement public avait entraîné ce jour-là des heurts entre forces de l’ordre et manifestants à Brazzaville et à Pointe-Noire, la capitale économique du pays, et fait de quatre à une vingtaine de morts, selon les sources.

Après une nouvelle interdiction des rassemblements publics, l’opposition a annulé le grand rassemblement qu’elle prévoyait d’organiser dans la capitale vendredi, dernier jour de la campagne référendaire.

Accusant le pouvoir d’ »usage disproportionné de la force, assassinats, atteintes à la liberté de l’information et de manifestation », cinq ONG congolaises de défense des droits de l’homme ont estimé vendredi dans un communiqué que « les conditions d’organisation d’un référendum n’étant pas réunies, le gouvernement [était] dans l’obligation de rechercher un consensus avec l’opposition ».

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Selon des sources concordantes, une médiation locale menée par deux opposants et soutenue par des diplomates a été tentée il y a quelques jours mais n’avait débouché sur aucun rapprochement concret entre les partisans du pouvoir et les détracteurs du référendum.

« Plébiscite »

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Brazzaville est restée calme vendredi, mais un correspondant de l’AFP a constaté qu’un dirigeant d’opposition, Guy Brice Parfait Kolelas était assigné à résidence, les forces de l’ordre bouclant les accès à la zone de son domicile.

L’internet mobile, les services de SMS et le signal local en FM de la radio française RFI – une des stations les plus écoutées au Congo – sont restés coupés vendredi pour la quatrième journée consécutive.

Né en 1943, Denis Sassou Nguesso cumule plus de 31 ans à la tête du Congo, petit pays d’Afrique centrale de 4,4 millions d’habitants. Riche en pétrole, cette ancienne colonie française où le groupe Total est solidement implanté, est classée par l’ONU comme un pays au « développement humain moyen », mais avec un fort taux de chômage des jeunes.

Denis Sassou Nguesso a dirigé le Congo à l’époque du parti unique, de 1979 jusqu’aux élections pluralistes de 1992, qu’il a perdues. Revenu au pouvoir par les armes en 1997, il a été élu président en 2002 et réélu en 2009.

Mercredi, le président français François Hollande avait déclaré que son homologue congolais pouvait « consulter son peuple », mais qu’il lui fallait ensuite « veiller à rassembler, respecter et apaiser ».

Pour les opposants, ces déclarations ont été perçues comme une approbation du référendum loin de la doctrine habituellement défendue par le président français.

Un diplomate français confiait récemment à Paris : « On voit bien que [le référendum congolais] est un plébiscite […] Pour ce qui est de mettre en garde le président congolais […] ça a été fait, refait. On ne peut pas l’empêcher de faire, c’est un pays souverain, mais après, tout dépend du peuple congolais. »

A Paris, plusieurs dizaines d’opposants à Denis Sassou Nguesso se sont rassemblés vendredi après-midi près de l’ambassade du Congo, appelant à signer un appel, « Sassou dégage », écrit par des Congolais de la diaspora et exhortant la communauté internationale à se mobiliser contre le référendum et « à soutenir la révolte de la jeunesse congolaise ».

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