Référendum au Congo : le scrutin commence timidement
Les Congolais votaient dimanche sur un projet de constitution contesté ouvrant la voie pour 2016 à une nouvelle candidature du président Denis Sassou Nguesso, qui cumule plus de 30 ans de pouvoir à Brazzaville.
Le scrutin a commencé timidement dans la capitale congolaise qui semblait déserte en début de matinée, toute circulation automobile y étant interdite à l’exception des véhicules des forces de l’ordre et de ceux bénéficiant d’un laissez-passer spécial de la police.
Au bureau de vote de l’école de peinture de Poto-Poto, dans le centre de la ville, le premier votant a glissé son bulletin dans l’urne à 07h10 (06h10 GMT), dix minutes après l’ouverture officielle du scrutin.
Dans un bureau de vote de Ouenzé (nord de Brazzaville), seules quelques enveloppes blanches étaient visibles à travers l’urne transparente vers 07h45 (06h45 GMT).
« Généralement ça commence toujours timidement et ça s’accélère dans l’après-midi », a déclaré à l’AFP le chef du bureau sous couvert de l’anonymat.
La campagne référendaire s’était achevée vendredi dans une ambiance tendue et morose après plusieurs jours d’interdiction des rassemblements publics et des violences meurtrières qui ont ravivé dans l’opinion le spectre des épisodes de guerre civile ayant déchiré le pays entre 1993 à 2003.
L’opposition à Denis Sassou Nguesso dénonce comme un « coup d’État constitutionnel » le référendum, qu’elle a appelé les Congolais à rejeter, mais elle est restée pratiquement silencieuse depuis jeudi soir.
Le projet de nouvelle constitution soumis aux urnes permettrait de faire sauter les deux verrous qui empêchent actuellement le chef de l’État de briguer un troisième mandat : la limite d’âge et celle du nombre des mandats présidentiels.
Les électeurs doivent y répondre par « oui » (bulletin vert) ou « non » (bulletin rouge).
Mardi, des heurts entre opposants aux référendum et forces de l’ordre ont éclaté à Brazzaville et Pointe-Noire, capitale économique du pays, dans le sud, faisant entre quatre et une vingtaine de morts selon les sources.
« Répression »
A 09h00 (08h00 GMT) dimanche, aucun électeur n’avait voté dans les deux bureaux de vote de Makélékélé, l’un des quartiers sud de Brazzaville qui s’était embrasé mardi, selon un journaliste de l’AFP.
Depuis mardi, l’internet mobile, les SMS et le signal FM de la radio française RFI, l’une des stations les plus écoutées du pays, sont coupés.
Plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme ou de la société civile ont dénoncé un climat de « répression » rendant impossible la tenue d’un scrutin dans des conditions démocratiques, alors que certains opposants sont assignés à résidence.
Pour l’Union européenne « les conditions actuelles de gouvernance électorale ne permettent pas un scrutin libre et transparent » au Congo.
Au début de la campagne, commencée le 9 octobre, quatre jours après l’annonce du scrutin, l’opposition, regroupée sous la forme de plusieurs coalitions de partis, avait dénoncé le fait que le texte du projet de constitution était introuvable.
A la suite de ces accusations, le gouvernement l’a publié sur le web et sur les réseaux sociaux (un luxe qui échappe à la grande majorité de la population). Le texte a ensuite pu être vu affiché dans des mairies, commissariats, ou autres bâtiments publics à partir du 18 octobre.
Né en 1943, Denis Sassou Nguesso cumule plus de 31 ans à la tête du Congo, petit pays d’Afrique centrale de 4,4 millions d’habitants. Riche en pétrole, cette ancienne colonie française où le groupe Total est solidement implanté, est classée par l’ONU comme un pays au « développement humain moyen », mais avec un fort taux de chômage des jeunes.
Denis Sassou Nguesso a dirigé le Congo à l’époque du parti unique, de 1979 jusqu’aux élections pluralistes de 1992, qu’il a perdues. Revenu au pouvoir par les armes en 1997, il a été élu président en 2002 et réélu en 2009.
A Paris, l’Élysée a déclaré jeudi que le président français François Hollande suivait « avec grande attention les événements » au Congo. La présidence a rappelé que François Hollande souhaitait d’une manière générale « que les Constitutions soient respectées et que les consultations électorales se tiennent dans des conditions de transparence incontestables ».
Les bureaux de vote devaient fermer dimanche à 18h00 (17h00 GMT). Les résultats du référendum ne devraient pas être connus avant plusieurs jours.
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