Le pape avait reçu samedi soir le rapport final du synode, voté par les 265 évêques et cardinaux présents. Diverses ouvertures y sont exprimées, notamment pour permettre un discernement au cas par cas, qui puisse amener certains divorcés remariés civilement à accéder aux sacrements de la confession et de la communion.
Commentant dans la basilique Saint-Pierre l’Évangile qui relate comment Jésus guérit le mendiant aveugle Bartimée, le pape a relevé que « la paternité de Dieu ouvre une route accessible, une route de consolation » à « l’aveugle et au boiteux ».
Jésus, a-t-il relevé, parle à cet aveugle de manière « directe mais respectueuse », « montre qu’il veut écouter nos besoins », « désire avec chacun de nous un échange fait de situations réelles, que rien n’exclut devant Dieu ».
Comme à l’époque de Jésus, ses disciples « sont appelés à cela, spécialement aujourd’hui : placer l’homme au contact de la miséricorde compatissante qui sauve. Aujourd’hui est un temps de miséricorde! », a-t-il insisté à l’issue de trois semaines d’un synode tumultueux sur la famille.
Jorge Bergoglio a exhorté à faire passer « sans sermons » les « paroles libératrices de Jésus ».
« Jésus veut inclure, surtout celui qui est tenu aux marges et qui crie vers lui », a-t-il martelé, le visage grave, pâle et éprouvé par la fatigue du synode.
Devant les exclus, il y a « certaines tentations » auxquelles cèdent les disciples de Jésus (les prêtres et évêques) « encore aujourd’hui »: « aucun ne s’arrête, ils avancent comme si de rien n’était. Si Bartimée est aveugle, eux ils sont sourds : son problème n’est pas leur problème. Devant les problèmes continuels, il vaut mieux avancer, sans nous laisser déranger ».
Si on « ne se penche pas vers celui qui est blessé », on « construit des visions du monde » et on « vit une « spiritualité du mirage », « sans voir ce qu’il y a réellement, mais ce que nous voudrions voir », a-t-il dénoncé.
« Il y a une seconde tentation, a critiqué Jorge Bergoglio, celle de tomber dans une foi programmée », d’avoir « déjà notre plan de marche, où tout rentre: nous savons où aller et combien de temps y mettre. Tous doivent respecter nos rythmes et chaque inconvénient nous dérange! Celui qui gêne ou n’est pas à la hauteur est à exclure! »
Un petit groupe de cardinaux conservateurs, très rigoureux dans la doctrine et ne voulant rien changer, notamment vis à vis des divorcés et homosexuels, peut se sentir visé par ces critiques.