L’argent des Africains : Ange-Louis, employé dans le secteur des télécoms en Côte d’Ivoire – 183 euros par mois

Ange-Louis Nadou, 28 ans, est père deux enfants. Pour notre série sur l’argent des Africains, il explique comment il parvient à faire vivre sa famille et à venir en aide à ses parents avec son seul salaire de 183 euros.

Ange Louis Nadou au travail © Ange Louis Nadou

Ange Louis Nadou au travail © Ange Louis Nadou

Publié le 4 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

« Mon métier, je l’aime, même s’il est difficile. » Ange-Louis travaille pour une grande entreprise de télécommunication affiliée à MTN. Au quotidien, il gère les comptes téléphoniques des clients, recharge les puces, et vérifie les paiements. « Dans ce métier, il faut être très vigilant », estime Ange-Louis qui a l’impression d’être constamment sur le qui-vive.

Cet emploi lui permet de gagner 120 000 francs CFA, c’est-à-dire moins de 183 euros. Une somme qu’il juge « acceptable compte tenu du taux de chômage » et dans un pays où le salaire minimum est de 91 euros. Pourtant, s’il parvient à assumer sa famille et même à venir en aide à ses parents, ce n’est qu’au prix d’une gestion drastique.

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Un déménagement pour économiser de l’argent

Ange-Louis est issu d’un milieu modeste. Fils d’un instituteur et d’une vendeuse d’attiéké (plat traditionnel ivoirien à base de manioc), il leur envoie régulièrement un peu d’argent à Abidjan ils vivent. C’est aussi dans cette ville qu’Ange-Louis avait commencé ses études de sociologie avant de quitter la fac en deuxième année de licence pour travailler.

Il faut dire qu’à l’époque il est déjà papa d’un petit garçon de deux ans, Paul-Stéphane qui est né lorsqu’Ange-Louis venait de terminer son baccalauréat. Si l’enfant est une promesse de bonheur, il représente de nouvelles sources de dépenses. Il faut bien le nourrir, l’habiller et, bientôt, l’inscrire à l’école. C’est ainsi que le jeune papa se lance dans le domaine des télécommunications. Il occupe ses premiers emplois dans la célèbre commune de Yopougon avant de rejoindre Agboville, à 80 kilomètres à l’est d’Abidjan en février 2015.

110 euros pour nourrir sa famille

Aujourd’hui, Paul-Stéphane a 8 ans et il a une petite sœur d’un an et demie, Serena. Aussi, ce père de deux enfants consacre la totalité de son budget aux « dépenses de base ». Son logement à Agboville lui coûte 38 euros par mois et ses dépenses en alimentation et en soins de toute nature pour la famille s’élèvent à plus de 110 euros. Environ 3 euros sont généralement dépensés pour lui et sa famille en habillement et l’argent restant, parfois 15, parfois 30 euros, parfois plus, est envoyé à sa famille, à Abidjan.

16 euros de frais de scolarité

« Tout est beaucoup plus cher, à Abidjan. Ce serait impossible d’y vivre pour ma famille et moi, notamment en raison du prix des transports. » À Agboville, les dépenses en transport sont plus rares : elles ne représentent que 12 000 francs par mois. Les frais d’inscription à l’école publique d’Agboville ne lui coûtent que 4 000 francs par enfant.

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Ange-Louis est le seul à assurer une source de revenu à sa famille. Pour l’instant, sa femme Kouao Chadon Annick n’occupe pas d’emploi susceptible de leur apporter un revenu complémentaire. Mais le couple espère qu’elle pourra bientôt rejoindre les rangs d’une école professionnelle et ainsi pouvoir prétendre à un emploi à forte valeur ajoutée.

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100% de son salaire pour les besoins des siens

Passées en revue toutes ces dépenses, il ne reste plus beaucoup de budget pour les loisirs. « 90% de ma vie est consacrée au travail, et 100% de mon salaire est consacré aux besoins de ma famille. » Les voyages étant financièrement impossibles, Ange-Louis aime passer ses rares moments de détente en famille.

« Le matin, après la prière, je prends mon petit-déjeuner avec ma famille puis je pars au boulot ». Le soir, il aide son fils à faire ses devoirs pendant au moins une heure et demie avant de passer au dîner familial. « À partir de 22h, madame et moi bouclons la journée par la prière et la lecture de la Bible. »

Le dimanche après-midi toute la famille part en promenade. Simples, ses loisirs sont toujours conviviaux. Passionné de foot et d’actualité, Ange Louis passe aussi des bons moments à affronter ses amis sur sa Playstation 3.

Un rêve, devenir entrepreneur

Quant à l’avenir, Ange-Louis reste plein d’espoir. Pour lui, « la Côte d’Ivoire est un pays à forte potentialité ». Cependant, il voit plus loin : « Je compte vivre dans d’autres pays pour apprendre des autres cultures. J’aimerais vivre aux États-Unis, au Canada, en Islande, à Paris, en Suisse… Mon rêve est d’être un patron d’entreprise et pour cela je me cultive en lisant les biographies d’entrepreneurs. » Ange-Louis espère ainsi comprendre leurs méthodes pour élaborer la sienne. Pourvu que ce soit celle du succès. 

Taux conversation établi à 1 euro = 655,96 F CFA au 4 novembre 2015

Si vous aussi vous souhaitez participer à notre série, vous pouvez nous écrire argentdesafricains@jeuneafrique.com

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