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Alain Faujas est spécialisé en macro-économie.
Publié le 3 juillet 2012
Lecture : 2 minutes.
De 2000 à 2011, le revenu moyen par habitant y a doublé, passant de 227 à 467 euros. Le taux d’inflation (5,7 % en 2011) est nettement inférieur à celui de ses voisins de la Communauté de l’Afrique de l’Est, même si les prix alimentaires ont bondi de 20,5 % de décembre 2010 à décembre 2011. Enfin, avec plus de 56 % de femmes parmi les députés, le Rwanda est politiquement le pays le plus féminisé au monde.
De 2000 à 2011, le revenu moyen par habitant y a doublé, passant de 227 à 467 euros.
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« Ce pays utilise l’aide extérieure de façon très efficace et il n’est pas étonnant que son taux de pauvreté ait reculé de douze points en cinq ans, soit deux fois plus vite que le reste de l’Afrique, commente Shantayanan Devarajan, chef économiste pour l’Afrique à la Banque mondiale. Sa protection sociale y a beaucoup contribué ; elle est remarquable parce qu’elle est déterminée par les communautés et parce qu’elle comporte une assurance maladie rarissime sur ce continent. Ainsi, le taux de mortalité infantile a chuté spectaculairement parce que les médecins sont incités financièrement à vacciner les enfants. »
Le Rwanda a arrêté un programme baptisé « Vision 2020 », qui devrait le transformer d’ici à huit ans en un pays « à revenu intermédiaire », ce qui, dans le jargon de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), le mettrait au niveau du Ghana ou de l’Afrique du Sud. Aujourd’hui, la croissance n’est pas tout à fait assez forte pour maintenir le pays sur cette trajectoire, mais le cadre d’action est là, qui a pour ambition de faire du Rwanda un Singapour africain. Priorité a donc été donnée au secteur tertiaire pour compenser l’enclavement, un sous-sol peu riche et une agriculture handicapée par la surpopulation et le relief. Les services représentent 47 % du PIB et se développent à vive allure, entraînés dans le sillage d’un secteur bancaire dynamique et solide, et d’un tourisme en pleine expansion grâce à une compagnie aérienne de qualité, Rwandair, grâce aux gorilles du massif des Virunga et grâce à l’accueil de congrès.
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Autre talent rwandais : l’art de séduire les bailleurs de fonds. En 2010, ils étaient 28 partenaires, de la Banque mondiale aux ONG, plus modestes, à apporter 750 millions d’euros à Kigali. C’est remarquable, mais c’est une véritable perfusion, qui représente un cinquième du PIB du pays et de 40 % à 45 % du budget national. Le gouvernement de Paul Kagamé sait que cet atout peut se révéler un talon d’Achille si la crise limitait la générosité des donateurs, mais il est obligé de compter sur ce cordon ombilical qui vient combler un déficit commercial exorbitant et compenser des handicaps sévères.
Le plus grave d’entre eux est la mauvaise qualité des infrastructures, qui en fait l’un des pays de la région où il est le plus coûteux de travailler. La Banque africaine de développement (BAD) rappelle que le coût du kilowattheure s’y élève à 0,14 euro, contre 0,09 en moyenne pour les pays voisins, et que la tonne transportée y coûte 130 euros, contre 75 en moyenne dans la région. Les projets de centrales électriques de Rusumo et de Rusizi III, tout comme le goudronnage des grands axes routiers et la réhabilitation de la voie ferrée vers le Burundi et la Tanzanie, ne seront pas du luxe. Le meilleur élève de la classe africaine devra le rester longtemps pour oublier le génocide qui a prolongé sa très grande pauvreté.
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