Tunisie : des banques essoufflées

Trop éclaté et sous-capitalisé, le secteur bancaire tunisien ne joue pas le rôle moteur qui devrait être le sien.

La fusion entre la STB (photo) et la banque de l’habitat, envisagée avant la révolution, semble compromise. © DR

La fusion entre la STB (photo) et la banque de l’habitat, envisagée avant la révolution, semble compromise. © DR

Julien_Clemencot

Publié le 25 juin 2012 Lecture : 1 minute.

Face à une économie atone et à un taux de chômage jamais atteint, la faiblesse et l’immobilisme du secteur bancaire tunisien sont devenus un sujet d’inquiétude majeur. « Les banques ne jouent pas leur rôle de moteur de l’économie », tempête l’économiste Dhafer Saidane. En raison de fonds propres insuffisants, et ce malgré les augmentations de capital effectuées ces dernières années, elles sont dans l’incapacité d’augmenter leurs volumes de prêts. En Tunisie, le paysage bancaire reste atomisé. Quatre grandes banques gèrent 51 % des actifs, mais onze petits établissements se partagent 15 %, et le reste est disséminé.

Certains pourvoyeurs d’argent frais puisent dans leur bas de laine.

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« Il serait souhaitable de procéder à des fusions, comme celle qui était annoncée entre STB et la Banque de l’habitat avant la révolution. Mais je doute que l’État [actionnaire des deux établissements] veuille le faire, car cela aboutirait à un plan social », décrypte un financier tunisien. Ce statu quo pourrait engendrer in fine un coût économique et social bien plus important qu’une réforme du secteur.

De leur côté, les banquiers mettent en avant les efforts consentis pour aider les entreprises en difficulté et les progrès réalisés ces cinq dernières années pour réduire leur niveau de créances douteuses, passées de 20 % il y a cinq ans à 12 % aujourd’hui. D’ailleurs, les crédits consentis au clan Ben Ali ont été largement provisionnés.

Des évolutions insuffisantes, estime Dhafer Saidane. « Les banques n’ont pas compris que la Tunisie vit un moment historique. Il faut absolument qu’elles fassent plus d’efforts pour augmenter l’épargne et la transformer en crédit », explique-t-il. Problème, après avoir connu une évolution à deux chiffres, la croissance des dépôts s’est ralentie, et certains gros pourvoyeurs d’argent frais, affaiblis par les grèves à répétition, ont tendance à puiser dans leur bas de laine.

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