Cameroun : un pays très hospitalier
Le Cameroun attire de nombreux patients de la sous-région. Lesquels se pressent dans les établissements des zones frontalières comme dans ceux de Douala et de Yaoundé.
Le Cameroun sort de ses frontières
C’est un petit hôpital de campagne, dans la région pauvre de l’Extrême-Nord. Les bâtiments s’étendent à l’ombre rafraîchissante de grands arbres qui les protègent d’un soleil de plomb. L’air de rien, l’hôpital de Kolofata (à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec le Nigeria) accueille en moyenne 25 000 personnes par an, dont une bonne part vient du Nigeria, du Tchad et du Niger. Ici, les frontières n’arrêtent pas l’afflux des patients, qui sont accueillis sans distinction de nationalité. Ces dernières semaines, assure le médecin-chef, Ellen Marie Einterz, « il a fallu prendre en charge les maladies infectieuses qui apparaissent pendant la saison de l’harmattan ». En 2010, une épidémie de choléra frappe la région : le petit hôpital se retrouve engorgé, avec 1 600 cas. En revanche, 2011 fut une année tranquille, avec 200 cas diagnostiqués, assure Ellen Marie Einterz. Cette Américaine au corps frêle mais d’un grand dynamisme ne s’économise pas.
« Dr Ellen »
Au plus fort des attaques rebelles, N’Djamena évacuait ses blessés de guerre vers la capitale voisine.
Venue d’Indianapolis (nord-est des États-Unis), elle a tout quitté pour s’installer en 1990 au Cameroun, dans cet arrondissement de 36 000 habitants qui n’avait qu’un modeste dispensaire pour assurer le service public de santé. Avec l’aide de bienfaiteurs locaux, « Dr Ellen » est parvenue à le transformer en hôpital, avec un laboratoire équipé par la France et un centre d’ophtalmologie, ouvert en 1995 et dont la réputation a atteint le sud du Cameroun, pourtant mieux pourvu en hôpitaux… Elle a pu recruter une logisticienne canadienne, Myra Bates, et un chirurgien, Daniel Nkusu, venu de RD Congo.
Si cet hôpital attire des malades de quatre pays de la région, il est pourtant loin de disposer de tous les équipements d’un établissement de référence. Dans une région qui compte 6 % de personnes vivant avec le VIH, « Dr Ellen » ne désespère pas d’acquérir les appareils de comptage de CD4 et de mesure de la charge virale. Des informations qui détermineront la décision de démarrer, ou non, le traitement antirétroviral. « Pour l’instant, regrette-t-elle, nous prenons des décisions sur la base de signes cliniques. »
Les infrastructures médicales locales se développent progressivement. Les patients souffrant d’insuffisance rénale sévère, camerounais ou venus des pays voisins, n’ont ainsi plus à voyager jusqu’à Garoua (Nord) vers l’unique centre d’hémodialyse que comptait la région il y a encore un an. Le ministère camerounais de la Santé publique vient de doter Maroua, la grande ville de l’Extrême-Nord, de cet équipement. D’un coût de 660 millions de F CFA (1 million d’euros), la nouvelle unité comporte huit postes de dialyse, pour une capacité d’accueil de 70 malades. Cinq autres centres de ce niveau ont été ouverts dans d’autres régions du pays.
Spécialistes
Mais les patients les plus fortunés préfèrent rejoindre Yaoundé ou Douala, à moins de deux heures d’avion de N’Djamena, pour bénéficier du meilleur plateau technique de la sous-région. Ainsi, au plus fort des attaques rebelles, l’État tchadien évacuait généralement ses blessés de guerre vers les grands hôpitaux camerounais, qui disposent d’équipements et de spécialistes en traumatologie. À Yaoundé, le Centre hospitalier d’Essos (qui dépend de la Caisse nationale de prévoyance sociale, CNPS), l’hôpital militaire, le Centre hospitalier universitaire et l’hôpital général assurent une couverture satisfaisante, ouverte aux ressortissants de la sous-région.
Le Cameroun investit également dans la construction d’hôpitaux consacrés aux soins de la mère et de l’enfant. Ainsi de l’Hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé (HGOPY), construit pour 5 milliards de F CFA, grâce à un prêt chinois, et inauguré en 2002. Une deuxième unité hospitalière dotée de la même mission est en chantier à Douala, toujours grâce à un concours financier chinois. L’ouvrage de 300 lits, qui va coûter 9 milliards de F CFA, sera réceptionné début 2013 et va contribuer à désengorger les grands établissements de la capitale économique, à savoir l’hôpital Laquintinie (750 lits), l’hôpital général (300 lits) et une demi-douzaine d’hôpitaux de district.
Le pays s’offre également les moyens de développer la médecine de pointe sur son territoire. C’est la mission assignée au Centre international de recherche et d’application en chirurgie endoscopique et reproduction humaine, institution hospitalo-universitaire inaugurée en 2008. Mais aussi au Centre international de référence Chantal Biya pour la recherche sur la prévention et la prise en charge du VIH/sida (CIRCB). Cette structure à vocation pluridisciplinaire entend rayonner à l’échelle régionale et internationale.
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